Mémoires d’André Sabatier chap 5 à 10

jeudi 5 mai 2005
par  Richard Tuil
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CHAPITRE V

Le dimanche qui suivit ma rupture (car c’en était une) d’avec Mirabelle, j’eus la stupide idée de retourner voir Agnès, qui m’accueillit avec joie, et voulut rejouer avec moi aux jeux de l’Amour. Mais j’avais passé la pire semaine de ma vie et je n’avais goût à rien. Elle me consola de son mieux en me préparant un chocolat chaud, et me donna quelques gâteaux aux goûts savoureux. Je me sentais bien, il faut le dire, quand j’étais près d’elle. Et de confidences en confidences, je lui avouais mon âge réel, et elle fut encore plus surprise de l’apprendre, car mes capacités sexuelles étaient telles qu’elle me disait que lorsque je serai un homme fait (et fini ?), je serai sûrement l’amant le plus formidable et le plus recherché des femmes. Mais la perte de Mirabelle ne me faisait pas plaisir, et je n’avais aucune envie de faire l’amour à qui que ce soit. J’en étais même dégoûté, car j’avais l’impression de l’avoir trahie, et cette punition qu’elle m’infligeait était suffisante pour que je sois de plus en plus malheureux.

Je quittais Agnès ce jour—là après avoir discuté, lorsque je fus remplacé dans son deux pièces par un homme d’une quarantaine d’années.

Alors, après un baiser sur la joue, elle reçut son client. « Tu les prends au berceau ? » demanda—t—il surpris. « Non ! André est mon cousin qui n’habite pas loin. Il n’est rien d’autre, n’aie crainte. »

C’est après ces quelques mots que je la quittais, et laissais un intervalle d’un mois avant ma visite suivante.

En effet, le mardi 19 décembre 1978, j’avais remarqué, pour la première fois, en 6ème 5 du collège de la Justice, une fille qui était dans la classe de mon frère Gérard. C’est d’ailleurs lui qui m’a donné son nom : Virginie Van Houtten.

Il faut dire que Mirabelle m’avait abandonné et j’étais seul à ma place en classe. Quand on dit « un seul être vous manque, et le monde est dépeuplé », c’est tout ce qu’il y a de plus vrai ! On a une impression de vide immense en soi, alors, puisque je ne pouvais plus avoir de contacts directs avec Mirabelle que j’aimais tant, mes regards se posèrent ailleurs.

Je remarquais Virginie ce jour, et depuis que j’avais connu Mirabelle, je n’avais pas vu de filles aussi éblouissantes. J’ai donc demandé à Gérard de m’arranger une petite entrevue avec elle.

En fait, cela se passa différemment. Virginie avait l’habitude, à l’interclasse, de courir après une cigarette : une fille de moins de 13 ans déjà accro à la cigarette ! Je n’ai jamais aimé ça, et à l’instar de mon ami Richard, je considère que c’est encore pire et bien plus moche quand c’est une fille ou une femme qui fume.

Donc, comme je le disais, elle cherchait toujours quelqu’un pour se faire offrir une cigarette. Alors, sans me démonter, j’achetai un paquet de « Camel » et, dans un couloir de collège, je lui offrais le paquet.

— Merci, me dit—elle.

— Merci qui ? demandai—je effrontément.

— Merci euh… quel est ton nom ? me demanda—t—elle. Excuse—moi, je ne te connais que de vue.

— Je m’appelle André Sabatier.

— Tu es le frère de Gérard ?

— Absolument, et je suis en 5ème 1.

— Il faut que j’y aille. Merci pour le paquet.

Je la voyais courir vers son cours de gym ; et comme elle courait bien ! Étant plus grande de trois ou quatre centimètres par rapport à Mirabelle, elle avait des jambes plus longues, mais pas plus fines. Disons, qu’elle était plus grande, donc proportionnée en conséquence. Elle avait aussi ses cheveux plus longs et plus ondulés, car Mirabelle les avait bien raides.

Je l’imaginais souvent nue, avec pour seul vêtement, sa chevelure cascadant sur ses épaules, et ne cachant rien. Je pensais à elle, comme je pensais parfois à Agnès, mon initiatrice.

« Agnès devrait la prendre comme novice dans son temple d’Aphrodite ! » me disais—je en allant à mon cours suivant. C’était la première fois que je souriais depuis que Mirabelle avait mis un frein à notre idylle, et je dis bien frein, et non—fin.

Le lendemain, Virginie vint directement me voir, elle me demanda si je n’avais pas de cigarettes.

— Non, aujourd’hui je n’en ai pas. Tu as déjà fini le paquet ? demandais—je.

— Oui, il est fini, car je distribue aux copines.

— Tu es trop généreuse, lui dis—je alors.

— Et toi, tu es un moqueur, me dit—elle, en s’approchant de moi et en m’embrassant sur la joue gauche.

— Qu’est—ce que j’ai fait pour avoir droit à une telle récompense, que je n’espérais pas d’ailleurs.

— Rien ! Mais s’il y a quelque personne généreuse ici, c’est bien toi.

Cela dit, elle me planta là et alla rejoindre ses copines, tandis que moi, j’allais parler à Richard et Mariano Cecchin, un autre ancien de la Croix Petit.

Après la recréation, je rentrais dans la salle de cours souriant comme jamais. Cette fois, Virginie m’avait fait la bise. C’était important, non ?

J’avais l’impression que Mirabelle faisait semblant de ne pas me voir, mais en fait, elle m’a avoué, plus tard, que ce qu’elle voyait en moi, ce changement, la rendait extrêmement jalouse !

Bref !

J’avais besoin de la chance. Les vacances scolaires étaient arrivées, et lorsque j’allais rendre visite à Franck et à Frédéric, qui étaient restés mes amis, malgré notre rupture avec Mirabelle, je ne l’ai pas vue pour la bonne raison qu’elle était partie chez sa tante Mireille aux Linandes pour toute la durée de ses vacances.

L’année 1979 venait à peine de commencer, lorsque j’ai vu Virginie pour la première fois en dehors du collège. En effet, Gérard, mon frangin, me fit la déclaration suivante, lorsque nous étions à la maison : « Virginie m’a laissé un message pour toi, et il m’a étonné. Tu es prié de te rendre à son anniversaire, le 24 janvier. »

J’ai alors dit à Gérard que j’éprouvais pour sa camarade de classe une attirance particulière. Il n’en fut plus étonné.

« Dans ce cas, si elle t’a invité à son anniversaire, c’est qu’elle est aussi attirée que toi. Car c’est une fille qui ne se lie pas facilement. »

Ainsi d’après Gérard j’avais toutes mes chances de réussir une approche et voir plus. Que pouvais—je penser de tout ça ? Ainsi elle m’invitait à son anniversaire, mais bien sûr, c’était peut—être une chance pour moi. LIRE LA SUITE


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