Cinéma

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mardi 18 novembre 2014
par  Marsajean
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Claudine regardait les coupures de presse qui la concernaient. Les plus anciennes étaient dithyrambiques et louaient son jeu plein de grâces et de légèreté. Certains critiques l’avaient même comparé à la grande Sarah.
Par contre, les récentes, si elles ne mettaient pas le talent de Claudine en cause, se posaient des questions sur le choix de films discutables et son travail, manifestement, elle avait fait le choix de l’argent aux dépens de la valeur artistique des œuvres.

Plusieurs fois son agent l’avait mise en garde, lui conseillant certains films que de jeunes et talentueux réalisateurs tournaient, mais elle n’avait pas tenu compte de ses avertissements, seul lui importait le bien être matériel que lui procurait les euros versés sur son compte en banque. Elle avait acquis une superbe maison de campagne et deux appartements à Paris.

Mais, depuis trois ans, elle n’avait absolument rien fait, les producteurs avaient oublié son nom et son numéro de téléphone. Son agent l’avait quitté pour une jeune starlette pleine de promesses. Elle courait le cacheton et acceptait même de faire des castings pour des publicités. Ne représentant presque rien aux yeux des téléspectateurs, elle était rarement reprise sauf pour de petites scénettes sans le moindre intérêt. En cinq ans, elle était passée du statut de star nominée pour le César de la meilleure débutante à celui d’actrice anonyme.

Le grand argentier de l’état s’était présenté un jour et le lendemain elle se retrouvait ruinée. Maison de campagne, appartements, bijoux, voitures et même les domestiques avaient disparu comme par enchantement. Elle en était réduite à vivoter dans un petit appartement de deux pièces avec salle de bain commune sur le palier et encore, c’est à peine si elle parvenait à payer son loyer chaque mois. Cette situation la conduisit à accepter une proposition de Carlos Vaquos.

En réalité, il s’appelait François Malvue, mais, comme il avait le type méditerranéen, il avait décidé de prendre un nom sud-américain plus en rapport avec le genre de films qu’il réalisait. Claudine était sûre d’une chose c’est qu’elle allait devoir se déshabiller devant les caméras, Carlos ne tournait pas des documentaires. Elle avait toujours refusé les scènes torrides, mais elle n’avait plus le choix et au moins cela lui rapporterait petit pécule qui permettrait de voir venir et qui sait, peut-être relancer sa carrière.

Une chose la dérangeait quelque peu, elle n’avait pas reçu le scénario du film. Tout au plus avait-elle appris que l’histoire se déroulait en France et en Allemagne pendant la guerre de quarante et qu’elle allait jouer le rôle d’une jeune femme arrêtée, par erreur, par la Gestapo pour terrorisme. Elle serait torturée et envoyée dans un camp de concentration en Allemagne pour servir de pute à soldat.
Rien que cette brève description de son rôle lui avait provoqué des nausées, mais elle était dans une situation telle qu’elle ne pouvait pas refuser. Elle aurait pu devenir vendeuse ou caissière dans une grande surface, mais, sûre de son talent, elle voulait reprendre sa place parmi les étoiles. Elle était heureuse comme une gamine quand, par hasard, quelqu’un la reconnaissait en rue ou dans un petit bar-tabac où elle venait prendre une tasse de café pour ne pas se présenter à un casting le ventre vide.

* * *

Claudine attendait depuis deux heures sur un banc de la salle des pas perdus de la gare Saint-Charles de Marseille où la secrétaire de Carlos devait la prendre en charge.
Dans une autre vie, elle aurait repris le TGV à destination de Paris, mais, cette fois, elle ne pouvait pas se permettre de jouer à la diva.
Elle avait les larmes aux yeux et au bord du désespoir quand enfin une jeune femme d’une vingtaine d’années se présenta comme l’envoyée de Carlos Vaquos.

— Bonjour, madame Laure, je suis Claire Favuel, la secrétaire de monsieur Carlos, je suis chargée de vous conduire sur le lieu du tournage.

— Bonjour, mademoiselle, enchantée de faire votre connaissance.

La jeune femme ne prit même pas la peine de s’excuser de son retard, se contentant d’un signe de la main pour encourager Claudine à la suivre.

Claudine se retrouva dans une grosse limousine de luxe conduite par un chauffeur en livrée qui connaissait Marseille comme sa poche, car il se retrouva très vite sur l’autoroute.
Ne sachant pas où on l’emmenait, Claudine était un peu inquiète, mais s’efforça de ne pas le montrer. Toutes ses questions étaient restées sans réponses, la secrétaire se contentant de sourire en disant :

— Patience, vous saurez bientôt, de toute façon, je ne connais pas le nom du patelin où on tourne. Je sais que c’est un vieux château datant du moyen-âge, mais c’est tout.

Après deux bonnes heures de route, la voiture quitta l’autoroute et prit les petites routes de campagnes. Bientôt, ils arrivèrent devant les énormes grilles d’un imposant château. Une partie des parterres étaient nettoyés, juste pour les caméras, le reste de la végétation était à l’abandon. LIRE LA SUITE

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