L’initiation de Jane
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Quand j’ai rencontré Madame, il y a bientôt trois ans – mais j’ai peine à croire que j’aie pu vivre sans La connaître – je n’avais que vingt ans. J’étais inscrite en préparation aux écoles de commerce, mais je n’avais aucune motivation sérieuse. Mes parents se sont tués dans un accident d’auto, quand j’étais toute petite – je n’en garde aucun souvenir – et j’ai été élevée par une tante, la sœur de ma mère, une vieille fille. Je venais de passer mon bac quand elle mourut subitement d’une crise cardiaque. C’était une femme de devoir, comme on dit, qui m’avait recueilli à ce titre, mais sans me manifester la moindre tendresse. Je n’eus donc aucun chagrin de la voir disparaître et j’eus la surprise d’apprendre par son notaire que – unique héritière – je me retrouvais à la tête d’une importante fortune immobilière, composée de plusieurs appartements dans les beaux quartiers de Paris. Un avenir de farniente m’était donc assuré. J’ai vaguement envisagé de m’impliquer dans l’humanitaire, sans trop y réfléchir.
Je ne me suis pas encore décrite. De taille modeste, svelte, je crois être plutôt mignonne. J’ai de beaux cheveux naturellement blonds, un teint de pêche, de beaux yeux verts. J’ai eu, à partir de 17 ans, trois ou quatre aventures sans lendemain avec des garçons, mais je n’en ai tiré aucun plaisir. Pendant qu’ils s’escrimaient en moi et sur moi, je regardais les mouches voler ou je songeais à mon emploi du temps des jours prochains. Bref, l’amour physique n’était manifestement pas mon passe-temps favori. Seule la lecture me procurait vraiment quelque joie.
Je me souviens de cet après-midi de fin octobre. Le soleil brillait et l’automne nous accordait un supplément de bien-être. Comme souvent quand il fait beau, j’eus envie de faire des emplettes et j’entrai dans un magasin de chaussures. J’étais en train d’essayer une paire de mocassins, très banale, quand une jeune femme de mon âge me dit, en me regardant droit dans les yeux : « Pour affiner votre silhouette, vous ne devriez porter que des chaussures à très hauts talons ». « Tenez, essayez celles-là » me dit-elle en me tendant des escarpins rouges d’une hauteur vertigineuse. Sans réfléchir, j’obtempérai. Je fis maladroitement quelques pas. « Bien ! Vous les prenez et les gardez au pied » ajouta-t-elle, péremptoire. Ainsi fis-je, médusée…
Nous sortîmes ensemble et elle me proposa d’entrer dans un café, pour bavarder. « Deux demis » commanda-t-elle au garçon, sans même savoir si j’aimais la bière. « Je m’appelle Dominique – et toi ? » « - Anne-Marie ». « C’est nul. Je t’appellerai Jeanne ». Je n’osai pas protester ni interroger ma nouvelle amie, qui, de toute façon, parlait continûment. J’appris ainsi qu’elle vivait seule, dans un petit appartement près de Pigalle et qu’elle était homosexuelle, ce dont je m’étais vaguement douté. Elle me donna son adresse et m’invita à dîner le soir. Curieuse invitation, puisqu’elle précisa que c’est moi qui ferai la cuisine et que je devais apporter les ingrédients nécessaires. Elle s’occuperait des boissons.
Je rentrai chez moi en titubant, tant à cause des hauts talons que du choc de cette rencontre. Je n’étais pas vraiment décidé à honorer cette invitation. Les filles ne m’attiraient pas plus que les garçons et j’avais tendance à considérer l’homosexualité sinon comme une dépravation, du moins comme une anomalie. Certes, Dominique était grande, élancée, mais son physique n’avait rien de remarquable. Je ne voyais pas non plus pourquoi je devrais aller faire la cuisine chez elle – elle m’avait d’ailleurs laissé payer les bières. Bref, plus j’y songeais, plus j’étais décidée à rester chez moi, finir mon roman.
Pourtant, au fond de moi, quelque chose me disait que j’avais vraiment envie d’accepter. La curiosité, peut-être. Ou l’autorité qui émanait manifestement de cette femme ?
Bref, je descendis chez le traiteur acheter de quoi composer un repas convenable – saumon fumé et coquilles St Jacques. Je me maquillai légèrement, mis une belle robe et, non sans hésitation, je gardai mes chaussures rouges, auxquelles je m’étais peu à peu habituée.
Je sonnai. Dominique vint m’ouvrir. « Bonsoir Dominique », dis-je avec un gentil sourire. Je me pris, de retour, une paire de claques magistrale ! « Tu m’appelles Madame ! Compris ? ». La sagesse aurait été de faire immédiatement demi-tour et de laisser cette hystérique à sa névrose. Pourtant, je m’entendis répondre : »Oui, Madame ». Ma vie venait de basculer…
Madame me fit revêtir une tenue de soubrette – ce que les Anglais, me dit-elle, appellent « french maid » et m’expliqua que je La servirai à table. Je dus dresser celle-ci, pour un seul couvert, bien entendu. Je devais répondre à l’appel de la cloche. Je servis donc Madame, qui ne m’adressa pratiquement pas la parole pendant tout son repas, sauf pour me donner quelques ordres – « sers-moi du vin, tu peux débarrasser… ». C’était plutôt guindé et ennuyeux et je me demandais comment tout cela finirait.
Madame passa au salon et me sonna. « Déshabille-toi et agenouille-toi à mes pieds », ordonna-t-elle. « Je vais t’expliquer ce que j’attends de toi ».
Elle m’expliqua que, grâce à la carte bleue avec laquelle j’avais payé mes chaussures, Elle avait pu prendre des renseignements sur mon compte en banque, ayant précisément un ami dans cette succursale. « Tu vireras chaque mois 5000 euros sur mon compte – je n’exige même pas que tu me donnes une procuration – et, en échange, je ferai ton éducation ».
Elle poursuivit : « Tu habiteras ici, tu t’occuperas, comme une bonne domestique, du ménage, du repassage, de la cuisine, etc. Notre accord tacite est valable pour un an, renouvelable ». Je L’écoutais, médusée. Il fallait que je la paye pour être Sa bonniche !
Elle me congédia – en me convoquant le lendemain matin, à 9 heures.
Inutile de dire que je dormis peu cette nuit-là, passant par toutes sortes de sentiments. Je crois que c’est la curiosité qui finalement me poussa à me présenter chez Madame, le lendemain matin, à l’heure dite, avec une petite valise. Elle n’avait manifestement pas douté de mon acceptation, c’est-à-dire de ma soumission à ses caprices.
Elle m’apprit à me comporter comme elle souhaitait. Je devais toujours me lever en Sa présence, baisser les yeux, croiser mes mains dans le dos. Il fallait, bien sûr, que je Lui parle à la troisième personne. « Madame a sonné ? »… À part quelques claques quand je manquais à ces préceptes, Elle ne me faisait pas subir de sévices – mais, contrairement à ce que j’avais imaginé et peut-être espéré sans me l’avouer, il n’y eut rien de sexuel entre nous. Je Lui faisais couler Son bain, je L’habillai, mais sans vraiment La toucher.
Du moins, pendant les premiers mois que je passai à Son service… LIRE LA SUITE
Peut-être ce couple - légitimement uni – connaîtra-t-il de nouvelles aventures ? Cela dépend un peu de l’intérêt que vous lui aurez porté…
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