Bondage Asylum
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CHAPITRE 1
Il avait enfin réussi à se sortir de ce journal crasseux, le « L.A. Confidential », pour lequel il avait travaillé pendant 5 ans, avec son salaire de misère et son manque total de considération qui allait avec. Mais c’était aussi grâce à ce torchon qu’il avait pu lancer sa carrière de grand journaliste, en livrant un scoop sur une affaire de corruption dans le milieu politique. Nick Lounds était devenu dès lors un journaliste renommé, et avait gagné la place de rédacteur en chef dans le grand et prestigieux « Los Angeles Times ». Tout le monde, sur la cité des anges, louait son professionnalisme et sa fiabilité dans le domaine de l’information.
Dans sa vie privée, rien n’avait jamais été aussi radieux depuis fort longtemps. Il avait enfin réussi à larguer son ex-femme, Sara Adler, après 6 ans à supporter ses caprices et ses jalousies injustifiées, ses ambitions démesurées… C’était une shopping-addict, elle lui coûtait un argent fou et il arrivait toujours à des fins de mois ingérables. La rupture avait été très compliquée, Sara exigeant beaucoup dans le divorce. Mais il avait eu raison d’elle et ne versa finalement que peu d’argent. Il avait rencontré depuis celle qui était devenue sa femme, Debbie Hayze. Inspectrice de police de profession, la trentaine et charmante, elle formait avec Nick le couple le plus en vue de la ville.
Il était 23 h passé ce jeudi soir, et Nick devait absolument terminer son article afin qu’il soit publié dès le lendemain. Quelques jours plus tôt, une jeune femme, Cameron, s’était rendue dans les locaux du journal, totalement désespérée, pour narrer à Nick son incroyable histoire. Fantasmant sur la pratique peu avouable du bondage, et n’osant jamais avouer cela à ses compagnons successifs, elle avait répondu à une annonce qui proposait des séances de bondage sur quelques heures par des femmes de confiance dans un lieu sur et discret de Los Angeles. Et effectivement, à son arrivée, tout était fait pour la mettre à l’aise. L’endroit était beau, propre et chic. Deux femmes charmantes l’accueillirent, la trentaine, et lui assurèrent qu’elle resterait maîtresse de la situation, grâce notamment à un safecode. Elles lui demandèrent également les noms et les téléphones de ses amis les plus proches pour les prévenir en cas de problème. Tellement excitée et impatiente à l’idée de vivre enfin son fantasme, elle se laissa faire… Emmenée dans une cave, elle découvrit des centaines de cages empilées les unes sur les autres, et une bonne partie d’entre elles étaient remplies de prisonnières cagoulées ! Elle ne pensait pas à un si grand succès de cet établissement ! Mais elle commença aussi à être quelque peu effrayée. Quelque chose clochait. C’est à ce moment qu’elle perdit la mémoire et qu’elle ne la retrouva qu’une fois enfermée elle aussi dans une cage, ligotée de toutes parts, bâillon en bouche.
La séance s’était en fait transformée en séquestration et esclavage forcé sur plusieurs mois… Durant cette longue période, elle était constamment entravée, comme tous les autres, servait même parfois de simple objet (un jour une table, l’autre une chaise, ou même un porte manteau) dans des conditions insoutenables. Elle servait de soubrette lors de fastes réceptions et était devenue l’esclave sexuelle de ses tortionnaires qui avaient capturé à elles seules près de cent femmes. L’asile exerçait un chantage pour éviter à ses patientes de tenter de s’enfuir et de révéler les pratiques de cet institut en les menaçant d’envoyer des photos et vidéos compromettantes à tous les proches des prisonnières. Ils avaient les contacts, ils n’avaient qu’à envoyer lesdits fichiers. Cameron, elle, ne pouvait se résoudre à rester des mois dans cet enfer et s’enfuit malgré les menaces. Toutes les vidéos furent envoyées à ses contacts, et sa vie était à présent dévastée. Mais elle voulait aller au bout et faire fermer cet endroit à tout jamais. C’était son combat.
Tout était formidablement calculé pour éviter les soupçons autour du Bondage Asylum. Le bondage étant une pratique peu avouable, aucune des patientes n’avait jugé bon de dire où elles allaient à leurs proches, et personne ne soupçonnait l’asile d’être à l’origine des disparitions multiples de ces derniers mois. La police ne se doutait de rien. Elle avait bien fait une descente un jour au « Bondage Asylum », mais n’avait rien trouvé d’alarmant, seulement quelques personnes qui voulaient réaliser leurs fantasmes, très loin de la centaine annoncée par Cameron. Elle ne fut pas prise au sérieux. La police avait conclu qu’il s’agissait simplement de jeux entre adultes consentants. Ils étaient non tarifés, et étaient donc parfaitement légaux. L’affaire fut donc classée.
Nick, touché par le témoignage, voulut rétablir la vérité. Il avait hésité à se rendre en personne au Bondage Asylum, mais avait préféré publier l’article sans en avertir l’asile, pour donner de la visibilité à cette affaire et prendre de court les dominatrices en herbe. Il espérait également, avec les réactions des lecteurs, relancer l’affaire. Content du résultat final, il envoya l’article et rentra chez lui. Debbie venait elle aussi de rentrer du boulot, elle était inspectrice de police et finissait parfois ses journées très tard.
— J’ai enfin publié le témoignage de Cameron. Je suis impatient des réactions.
— Tu t’impliques trop dans cette affaire. Tu es connu pour la fiabilité de tes informations, tu risques ton poste, ce n’est vraiment pas malin. Qui te dit qu’elle n’est pas à moitié folle et qu’elle te fait marcher ? Tu risques beaucoup sur ce scoop. Les collègues se sont rendus là-bas et la situation n’est pas absolument pas celle que te décrit cette femme. Ils ne vont pas être ravis de l’article…
— La machination qu’elle décrit tient la route. Et il est fortement possible que tes collègues n’aient pas vu ce qu’il fallait voir. Pourquoi tu n’irais pas, Debbie ?
— Tu sais que j’ai déjà beaucoup de boulot comme ça, je vais pas commencer à vérifier tous les ragots que tu publies, aussi trépidants soient-ils…
— Je sens que c’est différent cette fois-ci. C’est réel. S’il te plaît, fais-le pour moi…
— Aaaarf… Si jamais j’ai du temps, je m’en occuperai, promis.
— Merci, chérie.
Effectivement, les policiers ne furent pas ravis de l’article. Nick reçut la visite du commissaire en personne, qui lui pria d’éviter à l’avenir de remettre en cause les enquêtes de la police, sous peine d’avoir des ennuis. Pour autant, le journal n’avait jamais aussi bien vendu que ce jour-là. Beaucoup de lecteurs envoyèrent des mails pour parler de cette affaire, le buzz commençait à arriver. Il appela sa femme pour partager cette bonne nouvelle, mais tomba uniquement sur son répondeur, comme souvent lorsqu’elle était en service.
Après la pause déjeuner, il revint à son bureau pour préparer le numéro du lendemain. Mais quelque chose attira soudainement son attention.
Une enveloppe l’attendait sur le bureau.
Une invitation officielle pour visiter le Bondage Asylum, pour tenter de convaincre Nick que cet endroit n’était absolument pas comme le décrivait son article.
Il n’hésita pas longtemps, il trouva l’invitation fort cordiale et il était de son devoir professionnel de s’y rendre. Il prit son attaché-case, et partit. LIRE LA SUITE
Note : Ce texte a été inspiré par cette photo trouvée sur ce Tumblr : Dodenial. Même si « Bondage Asylum » n’en prend pas le même chemin, c’est cette idée qui m’a donné l’envie, pour mon premier récit, d’écrire une histoire autour de cette image. Je me dois donc de remercier son auteur.
Bonne lecture à tous.
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