Fantasmes pour Rêves de femme
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Sacha Guitry
Je suis affamée et cela me distrait quelque peu du désir qui me ronge. Nous nous trouvons toutes les quatre devant l’immense table dressée contre la baie vitrée. Elle doit mesurer plus de quinze mètres de long sur deux de large. C’est la première fois de ma vie que je suis conviée à dîner dans un endroit aussi luxueux. Le soleil commence à décliner et ses multiples couleurs rougeoyantes baignent la salle de réception d’une teinte douce et chaude qui se reflète sur la nappe immaculée. Il s’agit de la grande pièce que j’ai vue en arrivant avec Lisette. Située face au bureau de Madame, elle donne sur l’autre côté du Parc.
Madame donne le signal des réjouissances en s’asseyant, imitée par Christelle et le docteur Lee. Je fais de même.
Toutes trois se sont attablées côte à côte. Madame préside à un bout, tandis que je suis assise, seule, de l’autre côté, face à elle. Curieusement, lorsque Lisette a dressé la table, elle ne m’a mis ni couverts ni verre. Je ne dispose pour manger que d’une superbe assiette en porcelaine et une écuelle en argent de grande marque qui me fait penser à un récipient pour rince doigts.
Après quelques instants, Madame se lève et s’approche de moi. Sa démarche chaloupée et la grâce avec laquelle elle se tient me font frissonner, tant je la trouve resplendissante dans la clarté finissante du soleil.
« Sandrine, je te fais l’extrême honneur de t’accepter à ma table, j’espère que tu en seras digne. Tu apprendras que je suis très exigeante en ce qui concerne la tenue à table. Ce soir, ce ne sera pas une tâche facile car tu devras garder les mains croisées derrière ton dossier pendant tout le repas. Je place de grands espoirs en toi et je pense, sans conteste, que cette épreuve, comme les précédentes, est à ta portée. Bien entendu, les consignes préalables restent en vigueur. Tu ne seras autorisée à parler que si je t’adresse la parole. Je compte sur toi, est-ce bien compris ? »
Décidément, il ne se passe pas un moment sans que l’emprise que cette femme exerce sur moi ne se renforce. J’acquiesce timidement.
Je fais de mon mieux pour m’adapter à cette nouvelle brimade. Le menu est digne d’un restaurant quatre étoiles. En entrée, une farandole de petits toasts grillés tartinés de foie gras, puis de saumon et de caviar ; succulent. Jamais, je n’ai eu la chance, auparavant, de me délecter d’un repas aussi savoureux. Le traiteur est certainement l’un des plus fameux de la région parisienne. Dans l’incapacité de m’essuyer la bouche, je picore très lentement, m’appliquant à manger le plus proprement possible, sous les regards amusés de mon hôtesse. Seules ombres au tableau, les plats sont fortement épicés et mon envie d’uriner m’a repris dès le premier verre. En fait de verre, Lisette a rempli d’eau pétillante la petite écuelle en argent et l’a placée à côte de mon assiette. Je dois laper comme un animal pour me désaltérer. J’ai une soif terrible et je dois passer outre la honte que je ressens à m’avilir ainsi. Je n’ai droit qu’à de l’eau pétillante, tandis que les trois femmes dégustent un vin rare qui, à les entendre, est très fin. Encore une vexation, certainement destinée à me conforter dans ma nouvelle condition d’être inférieur.
C’est Lisette qui fait le service. Elle est de nouveau affublée de son uniforme de soubrette, à la différence près qu’elle ne porte pas de jupe. Parfois, Madame lui chuchote quelque chose à l’oreille et elle vient m’aider à boire en me tenant l’écuelle. La perversité de la situation ne m’interpelle plus. Je m’y suis habituée, telle une victime de la propagande qui finit par trouver normal le plus odieux des abus.
Au début du repas, Christelle l’a examinée attentivement. La petite bonne s’est assise sur la table, cuisses grandes ouvertes et a dû écarter les lèvres de son sexe dans une exhibition obscène. Ensuite, elle s’est mise à quatre pattes afin de présenter son anus. De ma place, Il m’a semblé que la chair de son pubis avait encore rougi, quant à ses fesses, il ne fait aucun doute que la sauce piquante fait son office. Une marque rouge correspondant à la zone enduite, ressemblant à une crise d’urticaire, déborde de son entre fesses et forme comme une cible rouge qui contraste avec sa peau blanche zébrée de marques sombres.
Je mange silencieusement mais avec appétit. Chaque fois qu’elle est inactive, ma compagne d’infortune s’agenouille contre les jambes de sa Maîtresse, à côté de la table. Prête à exécuter servilement le moindre de ses ordres. Elle se précipite pour resservir dès qu’un verre se vide ou chaque fois qu’un des convives en exprime le souhait. De temps à autre, une main ou un doigt indiscrets s’égarent sur ses charmes exposés.
Lorsque Lisette remplit mon écuelle pour la deuxième fois, ma situation commence à se dégrader. L’eau pétillante amplifie mon envie de faire pipi sans pour autant apaiser ma soif attisée par les condiments contenus dans ma nourriture. J’ai de plus en plus de mal à tenir en place. À l’autre bout de la table, les trois femmes mènent une discussion animée dont je suis exclue. Avec le temps qui passe, mon besoin se fait pressant. Piégée par mon silence forcé, je dois ronger mon frein, priant pour parvenir à me retenir jusqu’à la fin du repas.
Le rythme du service est très lent. La conversation des trois femmes s’éternise. Elles se font resservir sans me prêter la moindre attention. Systématiquement, je suis la dernière à être servie. Je me sens dans la peau d’une petite fille conviée à un banquet d’adultes qui serait la seule enfant à table. Les plats se succèdent avec une lenteur déconcertante.
La pression dans ma vessie devient douloureuse. Le seul moyen dont je dispose pour me soulager quelque peu consiste en un mouvement latéral des genoux que je serre et desserre le plus discrètement possible. Je n’ose pas imaginer le traitement que Madame me ferait subir si je me laissais déborder par mon envie et faisais pipi sur mon fauteuil. Les minutes s’égrènent lentement et les regards tantôt narquois, tantôt suspicieux qu’elle me lance fréquemment me confortent dans mes résolutions.
Après avoir servi le plat de résistance, Lisette est venu m’assister. Elle me nourrit comme un enfant en bas age qui ne saurait pas tenir une cuillère sans en mettre partout. La transpiration qui exsude de son corps et son visage témoigne des tourments qu’elle endure. Quelques regards appuyés m’ont fait sentir qu’elle a perçu mon désarroi. Chacune d’entre nous endure silencieusement, son supplice. Malgré la température clémente, j’ai des sueurs froides.
Le plat principal est très épicé. Discrètement, elle m’a fait comprendre qu’il me fallait tout manger. Ma soif grandissante ajoute à mon calvaire. En désespoir de cause, j’ai bu deux grandes écuelles supplémentaires, non sans avoir tenté d’y résister le plus longtemps possible.
Lorsque enfin arrive le dessert, ma vessie est au bord de l’explosion. Des tremblements convulsifs agitent mes jambes et j’ai toutes les difficultés du monde à réprimer ceux de mes mains. Je dois être très pâle car, brusquement, Madame s’interrompt en plaquant sur moi un regard inquisiteur.
« Quelque chose ne va pas Sandrine ? » Me demande-t-elle avec un petit sourire narquois qui me trouble jusqu’au plus profond de mon être. [LIRE LA SUITE->art19
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