La mante religieuse
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Dans le salon, Stéphane rassembla ses vêtements éparpillés. Nu derrière ces grandes baies vitrées, il avait le sentiment que l’on pouvait le voir de partout de l’extérieur. Il n’y avait peut-être aucun risque, les voisins les plus proches étaient éloignés de plus de cent mètres, mais la sensation était présente et ne le quitta pas. Au lieu d’en être gêné, il y trouva, au contraire, une forme d’excitation. La même qu’il vivait chaque été avec sa mère lorsqu’elle l’emmenait au Cap d’Agde, ou dans un camping dans les Cévennes, deux espaces réservés aux naturistes où ils passaient leurs vacances d’été ensemble. Il se savait beau physiquement, il aimait se montrer, et qu’on le regarde surtout.
Il songea justement à sa mère et à ce qu’il pourrait trouver comme arguments pour lui expliquer son absence ce soir et cette nuit. À vingt-quatre ans, c’était la première fois qu’il allait découcher. Et il allait le faire sans l’avoir prévenue, en plus. Comment réagira-t-elle ? Cette seule pensée l’angoissait déjà, quand il trouva enfin un endroit pour dissimuler ses vêtements : un petit placard à l’entrée où étaient rangés balais, seaux et serpillières. Il y déposa le tout au fond, sur une étagère et regagna le salon en prenant soin de récupérer son portable pour appeler sa mère.
Dehors le soleil dardait ses rayons, illuminant tout le séjour. Il se rendit devant la baie vitrée. La vue était magnifique sur la piscine et plus loin le grand jardin qui s’achevait par une haie dense d’arbustes. Derrière se trouvait la maison la plus proche dont il ne voyait que le haut. Il savoura cet instant magique de pouvoir être nu. S’il avait pu, il serait allé se baigner dans la piscine dehors, juste profiter pour du soleil sur sa peau.
Il rechercha le numéro de sa mère sur son portable avec anxiété. Elle était la seule identifiée dans ses favoris. Il ne savait toujours pas comment il allait pouvoir justifier son absence. Lui dire qu’il passerait la nuit avec une autre femme. Il n’osait même pas imaginer comment elle allait réagir. Il savait sa mère très jalouse. Combien de reproches avait-il entendus de sa part lorsqu’elle le surprenait à regarder un peu trop une fille dans la rue ? Elle estimait qu’il était bien trop jeune et trop tendre pour ces gamines sans cervelle qui ne lui apporteraient rien, ou pire ces putes qui voulaient lui mettre le grappin dessus. Elle savait être abjecte parfois. Elle était là, alors pourquoi aller chercher ailleurs ? Voilà ce qu’elle ne cessait de lui répéter. Elle le maintenait comme cela dans son giron protecteur, sans qu’il n’y trouvât à redire. Stéphane ne vivait qu’avec elle et pour elle. Toute son existence était hantée par ces rapports ambigus avec sa mère dont il était incapable encore à vingt-quatre ans de se défaire.
Sa mère décrocha tout de suite. Elle attendait manifestement son appel.
— Maman, c’est moi…
Elle l’interrompit de suite :
— Tu es où ? Je t’attends, là ! Ne me dis pas que tu es encore dans cette salle de sport.
— Euh… Non Maman…
Chaque fois qu’elle lui parlait sur ce ton, Stéphane perdait immédiatement ses moyens.
Sabine le sentit au bout du fil et elle continua imperturbable, toujours sur le même registre, convaincue de l’emprise absolue qu’elle exerçait sur son fils :
— Tu es où alors ? Ne me dis pas que tu es avec une fille, éructa-t-elle.
— Euh… Non Maman, répéta-t-il encore, incapable d’aligner plus deux mots à la suite quand il se trouvait face à elle, même au téléphone.
Elle ordonna alors :
— Tu vas me faire le plaisir de rentrer tout de suite à la maison. Compris !
Cette fois elle avait élevé un peu plus le timbre de sa voix, bien décidée à se faire obéir.
— Mais Maman…
— Ne me réponds pas, s’il te plaît ! Tu vas rentrer immédiatement à la maison, j’ai dit !
Au bout du fil sa mère s’énervait et il n’aimait pas çà. Elle était capable de tout, il le savait. Elle détestait qu’il lui résiste. Stéphane comprit qu’il n’avait plus le choix, il ne pouvait plus retarder indéfiniment l’échéance. Il fallait qu’il avoue qu’il avait rencontré une femme, une femme plus âgée qu’elle, de surcroît. Et il avait terriblement peur de la réaction de sa mère en l’apprenant.
— Tu vas me répondre où je dois appeler Lucien pour qu’il aille te chercher !
Stéphane blêmit tout d’un coup. Lucien était un de leurs voisins, un ami de sa mère, un ancien flic, à la retraite. Il savait qu’il n’aurait aucun mal à le retrouver ici. Il en avait les moyens, il en était sûr.
— Mais maman, j’ai vingt-quatre ans, fit-il presque suppliant. Je peux vivre ma vie maintenant, non ? Je ne suis plus un bébé quand même.
Il ne savait pas où il avait pu trouver le courage de braver ainsi sa mère. Peut-être et sans doute le souvenir de ce qui s’était passé quelques minutes plus tôt avec Madame. Il se rendit compte alors qu’il ne connaissait ni son prénom ni son nom. Elle était simplement Madame pour lui.
Sa mère resta coite un instant sous l’effet de surprise, et il en profita et se jeta enfin à l’eau :
— Maman… J’ai rencontré une femme… Et je l’aime.
Une émotion violente l’envahit. Avouer à sa mère qu’il était tombé amoureux d’une femme avait été au-delà de ses forces. Il sentit les battements de son cœur s’accélérer dans sa poitrine et la chaleur empourprer son visage. Il avait tenu tête pour la première fois à sa mère et révélé qu’il aimait une autre femme qu’elle. Il se sentit vaciller sur ses jambes, nu devant la baie vitrée où il posa son front. Son sexe, qui n’avait quasiment pas débandé depuis qu’il avait quitté Élisabeth, s’était ramolli entre ses cuisses musclées.
Sabine resta silencieuse, sans doute aussi surprise que son fils, qu’il la brave d’abord et qu’il lui révèle cette toquade. Car cela ne pouvait pas être autre chose pour elle, une simple passade sans lendemain, convaincue, en mère possessive et abusive, qu’elle était la seule femme qu’il pouvait aimer véritablement. LIRE LA SUITE
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