Reprise en mains
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À trente-sept ans, il était temps de reprendre ma vie en main. Je me prénomme Claire, brune, yeux verts, un mètre soixante-dix pour cinquante-neuf kilos, poitrine aux petits seins, ventre plat, pubis rasé, fesses un peu grosses à mon goût, cuisses de coureuse de fond.
Depuis sept ans environ, je navigue entre liaison et rupture avec des femmes autour de mon âge ou voire un peu plus jeune.
J’ai perdu mes parents dans un accident de voiture à l’âge de vingt ans. Leur immense fortune m’a laissée à l’abri du besoin. La banque gère les placements, m’alloue une rente de cinq mille euros par mois.
Après trois jours passés à Roma pour voir une amie (pas une amante), je suis au grand bar de l’aéroport de Fiumicino pour monter dans le vol AF1605 qui décolle à 18 h 25 afin de me ramener à Paris. Il n’est que 16h30, mais je n’ai aucune envie d’aller au salon Business. Je préfère regarder les voyageurs passer, pressés ou non.
– Désirez-vous un autre verre, Mademoiselle ?
Je sursaute, me tourne pour faire face à l’importune. La serveuse est magnifique si bien que je réprime un hoquet. Jeune, des cheveux blonds désordonnés, une mâchoire solide, une peau lisse et des yeux bleus.
– Je ne sais pas.
– Excusez-moi d’insister, mais je finis mon service et ma remplaçante ne sera là que dans vingt minutes.
– Mon avion n’est que dans deux heures.
La fille sourit :
– Moi, je suis de repos pour deux jours. Donc je ne veux pas prendre du retard.
– Disposez ou revenez une fois…
« Non, mais qu’est-ce qu’il te prend ma vieille ? » m’interromps-je.
La fille ne se trouble pas, regarde vers la caisse où trône sa patronne, me dit :
– Pour m’inviter, mademoiselle ?
– Banco !
– Accepté ! Je me prénomme Lucia.
Elle s’éloigne avant que je ne me rende compte de ce que j’ai fait. Mais que se passe-t-il ? Certes elle me plaît cette gamine, m’enfin elle n’a pas beaucoup plus de vingt ans.
Dix minutes plus tard, Lucia revient, à nouveau je retiens un hoquet : veste et pantalon moulant de cuir bleu. Elle est plus petite que moi, un mètre cinquante-cinq maximum.
– Allons ailleurs, nous serons plus tranquilles qu’où je bosse.
Comme toujours en Italie on paye sa boisson en la commandant, je me lève, sac en bandoulière.
Au point où j’en suis, je dis :
– Si tu aimes les femmes, je te propose Paris. Ce sera plus tranquille.
Croyez-vous que Lucia va refuser et s’étonner ? Que nenni !
Sans vergogne elle me répond :
– C’est oui pour les deux, mais je n’ai pas un centime pour l’avion.
– S’il n’y a que ça. Allons au comptoir Air France.
Comprenant que c’est parti, Lucia me gratifie d’un baiser sur la joue, se recule en rougissant :
– Excuse-moi ! Je n’ai…
Pour la rassurer, je passe mon bras sous le sien :
– Chut !
Peu de monde au comptoir A. F. Je parle italien et dis en présentant ma carte d’abonnement, Flying Blue Platinum à l’hôtesse :
– Mon amie a décidé de m’accompagner…
J’ajoute ma fiche d’embarquement.
– … vous reste-t-il une place ?
L’hôtesse consulte son écran :
– Oui, mais je dois changer votre fauteuil. Quelle date rentrera votre amie ?
Lucia intervient après m’avoir pressé discrètement la main le long de mon corps :
– Open si c’est possible ?
L’hôtesse me regarde :
En Business Flex uniquement, Madame.
Signorina, grazie (Mademoiselle, merci). C’est parfait.
Je lui tends ma Visa.
Les billets imprimés avec les fiches d’embarquement, Lucia me remercie du fond du cœur, puis dix mètres plus loin, quand nous passons un coin peu fréquenté, Lucia, sans gêne, pose directement ses lèvres sur les miennes, ajoute sa langue… conquérante.
Puis elle se recule, essuie deux-trois larmes à ses yeux :
– Pardonne-moi ! J’en avais envie.
– Tu ne vas pas pleurer quand même ?
Un autre sanglot discret, puis Lucia consulte son chronomètre et propose :
– Si on passe le contrôle sécurité, nous pourrons trouver un coin tranquille pour parler. Il y a longtemps que j’ai envie d’aller à Paris…
À Fiumicino, ils sont déjà équipés du nouveau système où on n’est pas obligé de sortir les P. C. ou autres des sacs. Juste l’enveloppe médoc. Pas de passage Sky Priority, tout le monde passe aux mêmes files. Ils ouvrent des portiques supplémentaires en cas d’affluence.
Quinze minutes plus tard, nous sommes assises au salon affaires. Lucia me fait asseoir, me demande ce que je veux boire et revient avec un plateau.
Pour éviter de m’ouvrir, je l’interroge :
– Parle-moi de toi ? Ton âge, tes amours ?
Elle éclate d’un rire franc, léger :
22 ans. Pour les amours : zéro. Être gay en Italie, même dans une grande ville comme Roma ou Milano, ce n’est pas facile. (Elle marque quelques secondes de silence, me fixe doit dans les yeux) Et toi ?
– Seule. Désespérément seule. À part quelques liaisons de très courte durée, même très, très courte durée…
Lucia pose sa main sur la mienne, la caresse doucement, dit :
– Depuis que tu t’es assise au bar, je n’ai pas pu te quitter des yeux, tout en assurant mon service. J’attendais le moment opportun pour t’approcher…
– Pourtant je suis beaucoup plus âgé que toi…
– Tu n’en as pas l’air…
Je rougis, pense qu’il ne s’agit que d’une flatterie :
– Je t’en prie…
– Détrompe-toi, je ne veux pas te flatter…
Sa voix se fait autoritaire, voire plus sèche :
– … Je sais ce que je veux et je te veux. LLIRE LA SUITE
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