Première séance

jeudi 25 janvier 2007
par  Felony
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Elle entra dans la pièce. Comme à son habitude, elle portait haut sa tête, en dépit de son collier de cuir ajusté, qui freinait légèrement sa respiration. Elle se tenait bien droite, jouant quelque peu de sa stature qui était nettement améliorée par les talons aiguilles de ses chaussures. Les mains descendaient naturellement le long de son corps et elle maîtrisait sa respiration. Elle jaugea l’assemblée d’un regard sans équivoque.
Malgré cette entrée en scène quelque peu impérieuse, elle était tout simplement terrifiée. Elle ne portait aucun vêtement, et la chair de poule qui couvrait sa peau tenait autant de la peur que de la fraîcheur de la pièce.
Face à elle, à la limite de l’éclairage, se tenait une demi-douzaine de personnes, en demi-cercle. Elles portaient toutes des masques, blafards, et la même cape de satin noir qui rendait chaque de ces silhouettes identiques. Elle se tenait face à une assemblée de visages impassibles qui se focalisaient sur elle.
Ses juges.
Comment en était-elle arrivée là, elle ne le réalisait même pas. Elle avait réussi sa vie, mais si son mariage, sa maisonnée et son métier la comblaient, elle n’en ressentait pas moins très souvent comme un manque, un vide, une absence. De son caractère affirmé, elle avait tiré une honorable réussite professionnelle, mais au coût de bien des concessions, souvent lourdes à porter.
Elle avait oublié l’aventure… les palpitations de l’excitation… L’envie charnelle de se donner, s’engager en dépit de tout et au-delà de toutes les frontières…
Et elle l’avait rencontré.
Elle avait d’abord cru qu’Il la draguait, et elle s’était montrée distante, jaugeant toute aventure extraconjugale comme le comble du sordide et de la médiocrité. L’exutoire impuissant de ceux qui ne savent pas assumer leurs responsabilités. Mais Il n’avait pas cherché à la toucher. Au contraire. Avec une subtilité diabolique, Il avait su l’approcher, la séduire, pour l’amener exactement où elle se trouvait à l’instant.
Nue, face à une assemblée qui allait décider de son sort.
L’attente se prolongeait, mettant ses nerfs à vif. Elle n’avait aucune certitude sur ce qui allait se passer. Soudain, l’un d’eux se mit à parler. Elle ressentit un choc, car c’était une voix qu’elle ne connaissait pas. Elle avait cru qu’il serait parmi eux, qu’Il mènerait le jeu, et elle se retrouvait face à des inconnus qui se repaissaient de la vision de son corps intimidé.
« Comment oses-tu nous regarder ainsi ? Tu te dois de nous être soumise ! »
« Eh bien, en voilà une qu’il va falloir mater. »
Un autre choc. La dernière personne à avoir parlé était une femme. Elle n’aurait jamais imaginé qu’une femme puisse prendre plaisir à observer le corps d’une autre femme. Les masques rendaient malaisée la localisation de ceux qui lui parlaient, elle ne pouvait que contempler toute l’assemblée, sans pouvoir se servir de son regard qu’elle savait rendre perçant. Elle tenta de se défendre, mais sa voix était voilée par l’émotion. Elle la raffermit et lança d’un ton résolu :
« Mais je ne suis pas ici pour me soumettre… »
« Oh si, tu l’es… Tu en meurs d’envie. »
Mon Dieu, c’était sa voix à lui. Il était juste derrière elle, elle ne l’avait ni entendu, ni même senti se rapprocher. Elle sursauta sous sa voix, et n’eut pas le temps de réagir que ses bras étaient saisis, ses mains amenées devant elle et qu’elle fut traînée en avant. Ils étaient deux. Elle se mit à courir pour ne pas tomber, trébuchant sur ses talons hauts, et fut entraînée à toute vitesse au centre de la pièce, exactement au milieu de la zone éclairée.
Face à elle, une table était recouverte d’un drap de satin noir. Le drap fut retiré, et dessous, elle vit une pièce de bois. Elle réalisa qu’il s’agissait d’un joug, de ces parties de bois qui servent à enchaîner les bœufs à leurs charrues. Mais l’instrument avait été modifié. Ses bras furent étirés jusqu’à ce que ses poignets reposent à chaque extrémité, et ils y furent liés par les liens de cuirs très serrés.
Au même instant, ses yeux furent cachés par un bandeau noir. Elle était aveuglée.
La pièce de bois était reliée à une lourde chaîne qui pendait du plafond. Un des participants actionna un treuil, et la chaîne se tendit, souleva le joug et les poignets qui y étaient attachés. Très vite, elle se retrouva les bras en l’air, observant avec une certaine crainte la suite des évènements.
Ses craintes étaient fondées. Lorsque ses bras furent étirés au maximum, la traction ne cessa pas. Bientôt, tout son corps fut allongé. Ses épaules se tendaient dans une position inconfortable et lorsque ses chaussures décollèrent du sol, le poids de son corps leurs imposa une tension supplémentaire.
Elle commença à tourner sur elle-même, impuissante. Soudain, on lui saisit les chevilles. Elle sentit des poignets de cuirs qui y furent liés. Là encore, des chaînes y étaient fixées. Elle ne le vit pas, mais chacune des chaînes fut glissée dans un anneau solidement fixé au sol. Les participants tirèrent dessus, écartelant inexorablement la femme impuissante.
Très vite, ses jambes furent largement ouvertes. Elle tenta bien de résister, mais les hommes qui maniaient les chaînes étaient bien trop fort. Sous ses contractions, les muscles de ses jambes saillaient. L’un d’entre eux, esthète, les caressa, en appréciant leurs dessins délicats. Elle sursauta.
« Tu cèderas, tu verras »
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