Conte érotique de Noël (1)
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Un jour cotonneux, grisâtre, était levé depuis peu lorsque je me posais près de la maison. Enfin de retour chez moi ! Je jetais un coup d’œil sur la ville que je surplombais. Ce matin, le plus joyeux de l’année, dans tant de foyers, était le plus glauque pour moi. J’étais fatigué de mon travail de la nuit et de l’alcool que j’avais ingurgité pour me donner du courage. Nauséeux, j’ouvrais ma porte pour rejoindre mon antre froid et sombre.
Froid et sombre ?
Une douce chaleur m’envahit lorsque j’entrais ; un feu de bois brûlait dans la cheminée. De petites bougies éclairaient la pénombre du matin et à leur lumière, je remarquais qu’un intrus avait bouleversé mon intérieur de célibataire. La table basse était vide, on m’avait volé les bouteilles, les paquets de gâteaux et le fromage qui s’y accumulaient quand je l’avais laissée. Je ne voyais plus la pile de revues pornographiques à côté. Bon, ce n’était que des vieux magazines, mais j’avais l’habitude de me masturber sur les mêmes photos pendant la journée (avaient ils aussi emporté ceux de la chambre, qui me servaient avant de m’endormir ?) Frappée d’un étourdissement dû à la surprise et à la lassitude, je remarquais encore, hébétée, que mon visiteur avait vidé, et même lavé, les cendriers qui formaient encore de jolies pyramides grises lorsque j’étais parti travailler la veille au soir.
C’est alors que je le vis. Il se tenait, tranquillement, devant le feu et se tourna à mon approche.
— Joyeux Noël, Balthazar !
Évidement ! Ce n’était pas un cambrioleur, mais la fille de l’associé de papa ! Comme lui et moi, elle avait le pouvoir d’entrer n’importe où sans effraction.
C’était la fille du Père Noël
J’étais le fils du Père Fouettard
Elle s’appelait Marie-Noëlle
Je m’appelais Jean-Balthazar.
Et comme chaque année, elle avait aidé son père dans sa distribution de cadeaux. Lui avait le beau rôle, tous les enfants l’adoraient alors que mon papa et moi faisions le sale boulot. Passer chez ceux qu’on nous avait signalés comme de « mauvais éléments » et les terroriser, leur administrer une féroce correction au martinet, ou avec un paquet de verges. Je remarquais quand même depuis longtemps que c’était chez les plus défavorisés que nous allions, alors que Mr Noël était un habitué des beaux quartiers ! Aux parents de nos meilleurs clients, papa offrait divers instruments de flagellation pour qu’ils continuent son œuvre pendant l’année, ce que certains acceptaient avec un plaisir évident.
Mais il y avait plus grave. Le contrat de notre maison spécifiait que mon père emporte les pires chenapans pour leur faire expier leurs fautes. En fait, ce que je constatais, c’est que ces pires « chenapans » étaient issus de familles misérables et que le marchandage secret consistait pour ces parents à vendre leurs enfants à un prix intéressant. Nous les conduisions alors dans les usines du tiers monde, où ils servaient de main-d’œuvre dans un état de quasi-esclavage. Le pire était que ces enfants travaillaient souvent dans la fabrication de jouets, en sous-traitance avec ce vieux filou de Père Noël, qui s’en tirait blanc comme neige, si j’ose dire !
Mais revenons à notre récit. En ce matin d’un 25 décembre, Marie-Noëlle me considérait en souriant.
Sur son manteau rouge et blanc coulaient ses longs cheveux blonds, qui témoignaient de l’origine de sa famille : on disait que son père descendait d’anciens dieux solaires. Moi, je suis un petit brun trapu, vêtu d’une pelisse noire. Je suis très laid, les enfants sont effrayés rien qu’en me voyant. Sur mon front couvert d’une chapka jaillissent deux petites cornes, mais je ne suis pas un démon ! Juste quelqu’un qui, comme tout le monde, n’a pas choisi d’être le fils de son père.
— Hé bien ! J’ai dû en faire du rangement ! On voit qu’il n’y a pas de femme, ici !
Elle étendit ses jambes gainées de noir. Cette fille-là avait de la grâce dans chacun de ses mouvements : je fus transporté rien qu’à la voir ôter ses bottines rouges fourrées de blanc et poser ses pieds sur un tabouret. Je me demandais comment un homme éternellement vieux pouvait avoir ainsi une fille éternellement jeune… Elle tenait une bouteille de Moët et Chandon à la main, et deux coupes.
— Un peu de champagne ?
D’un geste sûr, elle fit sauter le bouchon et je me surpris à avoir des idées tordues en voyant sa jolie main enserrer le goulot d’où jaillissait la mousse. LIRE LA SUITE
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