Aubaine

jeudi 27 octobre 2011
par  Baron rouge
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Une femme peut vouloir se venger. Vous passez par là et devenez l’instrument involontaire de cette vengeance. J’ai rarement été verni en cette existence et pour le coup j’avais omis d’écouter l’horoscope du matin dans la voiture. De toute façon je ne souscris pas à ce genre de niaiserie. Je me fie à mon instinct et il est vrai la route ce jour-là était particulièrement magnifique sous le soleil qui majorait les ors de l’automne dans les arbres.

J’avais clos un dossier compliqué et pour lequel j’avais obtenu les félicitations en personne du patron. J’escomptais bien qu’il me renvoie tôt ou tard l’ascenseur. En attendant, il m’avait confié une mission délicate. Mon collègue et presque ami, Armand n’avait en revanche rien apporté de son dossier. Nul ne savait le degré d’avancement de ses affaires. On le savait tour à tour déprimé et exalté. Il s’était remis à picoler et on lui savait une maîtresse envahissante qui lui pompait les dernières forces. On avait tâché de le raisonner, mais en vain. Je n’étais pas loin de penser que le patron avait en vue de le virer. Je pouvais peut-être rattraper encore la chose en découvrant le matériau de son dossier et voir si je pouvais le renflouer avec l’aide de quelques autres.

Pour cela j’avais dû parlementer une heure avec sa femme manifestement remontée. Elle explosa lorsqu’elle sut que cette initiative émanait directement du patron qu’elle détestait. En revanche elle m’avait toujours défendu contre les quolibets des autres. En effet j’étais l’archétype du benêt dans le dîner de cons. On se moquait de ma collection de soldats de plomb et de mes façons surannées de vieux garçon. Le bruit courrait que j’étais abonné à des revues de cul. Je supportais de moins en moins ce genre de harcèlement. Il est un jour où le cave se rebiffe. La reconnaissance du patron était peut-être le signal de la révolte. J’étais prêt à faire rendre gorge à tous ces types.

Bref perdu dans toutes ces pensées je parvins devant la belle Villa du couple Armand. Je savais que madame y possédait en rez-de-jardin son atelier de sculpture. Je ne comprenais qu’Armand put vouloir compromettre une si belle situation. Quelle mouche l’avait piqué qu’il voulut tout saborder ! Au mitan de sa vie Dante avait résolu de choisir le droit chemin au que la majorité des hommes trouvent plus prestigieux celui de la damnation. J’étais près de suivre le conseil sage du florentin. Cependant je devrais connaître ce jour-là une dernière épreuve avant de me diriger vers le paradis.

Je sonnai au portail et au bout de longues secondes j’entendis la voix de madame qui me disait d’entrer par le petit chemin de derrière. Je connaissais celui-ci comme de son atelier. Je ne savais si je perquisitionnerais longtemps le bureau d’Armand pour rétablir sa piètre situation. Celle-ci semblait désespérée. N’étais-je pas à ranimer un type déjà mort ? Sa femme me reçut en robe de chambre, le teint livide et avec l’odeur du tabac encore sur sa peau. Elle n’était pas moins irrévérencieuse qu’au téléphone. Elle me dit d’aller fouiller dans le bureau d’Armand dont je connaissais le chemin. Elle retourna dans le salon où résonnait une télé. Je dus passer une bonne demi-heure tout mettre sens dessus dessous. Pas moyen de mettre la main dessus le dossier concerné. À croire qu’Armand n’avait jamais commencé ou qu’il avait tout bonnement détruit celui-ci en un instant. Le patron devait espérer cela et s’attendait à ce que je lui annonçai la catastrophe. J’étais l’oiseau de malheur, l’ange de la mort. J’allais déclencher le feu nucléaire. J’avais honte et envie de pleurer. Je voulus m’en ouvrir un peu à sa femme. Peut-être savait-elle un peu de ses affaires ? Il y avait peut-être un bureau dans la maison où il avait soigneusement caché ce dossier.

Quand je descendis, je n’entendis plus la télé dans le salon qu’elle avait du reste déserté. J’hésitai. Cette femme avait été peu avenante. J’avais droit à repartir sans lui dire au revoir. Or j’entendis le mouvement lent du concerto pour violon de Brahms provenant de l’atelier de madame. J’ai toujours adoré ce morceau et je me suis rappelé qu’elle le savait. Était-ce coïncidences alors ? Je perçus cela comme un appel et me résolus à aller lui dire au revoir. J’avançais dans les pièces vers la rumeur de l’orchestre et le parcours sinueux et aigu du violon. Je ne reconnaissais pas le son de ce grand violoniste. Du moins obtiendrais-je une telle information.

L’atelier était assez immense investi de toutes sortes d’objets et d’avatars de statues. Elle était allongée sur son divan à fumer devant deux hautes enceintes qui diffusaient ce chef-d’œuvre du romantisme. Elle avait les yeux fermés dans une posture mystique. Je crus devoir adopter le même recueillement en attendant la fin de l’adagio. Je pus voir qu’elle avait troqué la robe de chambre pour une robe rouge assez courte et qui lui dévoilait ses jambes magnifiques et le haut des cuisses. LIRE LA SUITE




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Commentaires

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jeudi 5 janvier 2023 à 14h57 - par  Henic

Le texte s’interrompt brutalement en fin de page 5 : manifestement, la fin du récit est absente. C’est dommage : malgré quelques difficultés de concordance des temps, Baron Rouge nous amène petit à petit à ce moment où, « la langue pendante », on attend la suite !