Mémoires d’André Sabatier chap 21 à 27

lundi 8 août 2005
par  Richard Tuil
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CHAPITRE XXI.

J’étais encore au lycée, ce jour de rentré des classes, le jeudi 8 septembre 1983, et j’ai retrouvé Richard Tuil et Fabrice Blasco, avec qui Mirabelle et moi étions au collège des Touleuses, en 6e. Nous étions tous les trois en 1ère A1A ; et avec M. Beverraghi, nous étions censés faire de gros progrès en vue du BAC de français en fin d’année.

Alors, il s’installa entre Mirabelle et moi, une longue période de lettres et de silences qui pouvaient durer jusqu’à un mois. Ma mise à l’épreuve était tortueuse. Mais cette année—là, j’avais le visage de Mirabelle en face du mien à chaque instant, et c’est pourquoi je lui fus fidèle, et à toute épreuve.

La preuve : il y avait dans le lycée de Cergy deux jeunes femmes blondes, l’une aux yeux bleus, grands et en amandes, comme deux yeux de chats ; elle se prénommait Bénédicte, et je pense encore qu’elle avait le plus joli minois du lycée. Quant à la seconde, elle avait les cheveux courts, blonde aussi, mais elle était plus sexy que Bénédicte... eh bien ? Rien ! Je les regardais, je les dévorais des yeux, mais je voyais Mirabelle, ma chère fée, dans tout, dans rien. Je m’étais persuadé qu’elle possédait quelque pouvoir secret, et qu’elle était là avec moi.

J’avais réussi l’épreuve, et lors de notre conversation téléphonique du 14 juin 1984, je lui confirmais mon attitude au lycée : « J’y étudie ! Je suis sérieux ! On se marie quand ? » demandais—je comme un enfant impatient de recevoir sa récompense ; « pas encore ! » avait dit Mirabelle.

Pourquoi me faisait—elle cela ? Nous avions près de 19 ans, et je n’avais pas encore eu l’autorisation de déposer le dossier du mariage à la mairie.

— Qu’est—ce qui ne va pas ? demandais—je.

— Je veux qu’on passe le BAC. Après on pourra construire quelque chose de solide.

— Oui, mais on aura déjà 20 ans. Ce seront deux années de perdues.

— Peut—être, mais il ne fallait pas me trahir !

J’étais choqué. Je la savais « droite », mais je pensais qu’elle était au moins un peu miséricordieuse.

— Pitié ! criais—je encore. Marions—nous !

J’insistais lourdement, et je pensais avoir raison. Seuls les sentiments comptaient pour moi ! C’est vrai que Cathy et Valérie étaient sexy, désirables, mais je ne les avaient jamais aimées.

« On se mariera quand tu auras grandi ! »

Puis elle raccrocha le combiné. Je restais longtemps encore un long moment à entendre le bip—bip du téléphone, n’en croyant pas mes oreilles.

C’est vrai qu’elle mettait tous les torts de mon côté, et je ne trouvais pas ça très sympathique. Mais qui demande à une femme d’être sympathique ? Moi !

Après cela, je restais coi un bon quart d’heure.

J’avais tellement envie de me marier avec elle que j’en oubliais le reste.

Mirabelle a eu son BAC de français. Moi, j’avais l’esprit tellement torturé, que je ne fis qu’un score médiocre à cette épreuve. Mirabelle était fière d’elle—même, mais pas de moi.

— Qu’est—ce que tu as fait ? me demanda—t—elle quand elle vint à Cergy au mois de juillet 1984.

— Eh bien, je n’ai pas réussi l’écrit car j’avais de la fièvre.

— De la fièvre ?

— Oui, et puis tu es toujours présente. Je passe mon temps à penser à toi. Ta pensée m’obsède jour et nuit. Alors, on se marie quand ?

— Tu es vraiment lourd, André. Je t’ai déjà dit l’année prochaine, si tout va bien.

— Si tout va bien ?

— Oui, si tu restes fidèle à ta parole, celle que tu m’as donné le dimanche 8 octobre 1978.

— Ouah ! Tu te souviens encore de cela ?

— Oui André, je m’en souviens, et même si à l’époque j’hésitais encore depuis trois semaines entre l’amour et l’amitié avec toi, ce sont les paroles que tu m’as dites ce jour—là, et qui sont resté gravées dans ma mémoire, car c’est ce jour là que moi, je suis tombée amoureuse de toi.

— Et tu ne me les as jamais rappelées, lui dis—je en guise de reproches.

— Je n’avais pas cru que tu les avais oubliées.

— J’avais peur que toi, tu les aies oubliées.

— Je n’ai rien oublié de ce jour merveilleux, mais je ne savais pas si toi tu t’en souvenais encore.

— Toi alors !

— Quoi ?

— Ecoutes André : je ne suis pas sûre que tu sois digne de mon amour. Oui, on s’entend bien c’est vrai. On s’aime aussi. Mais est—ce suffisant pour construire un foyer ensemble ? Je veux que pour moi tu sois prêt à tout, et surtout que tu sois toujours là pour moi. Si j’ai besoin de toi, tu dois répondre immédiatement à mon appel.

— Tu veux un esclave pour mari ?

— Non ! Je veux quelqu’un qui soit heureux avec moi, et heureux de ce qu’il fait avec moi. Je veux des enfants André ; mais je ne sais pas encore si c’est avec toi que je les veux.

— Pourquoi tu me dis tout ça ? demandais—je affolé.

— Je te dis tout cela pour que tu prennes conscience de tes faits et gestes : on n’a plus 14 ou 15 ans. Nous sommes adultes aujourd’hui, et tu vas avoir 19 ans dans quelques jours. Alors, arrête de jouer les gamins qui pensent que toutes les jolies femmes de la terre sont pour lui.

— Eh, criais—je presque. Je ne pense pas ça, et j’ai réussi ma mise à l’épreuve. Je n’ai pas touché à une femme en dehors de toi depuis juin 1983.

— Eh bien, recommence encore cette année, et on se marie après le BAC.

— C’est vrai ça ?

— Oui, c’est vrai. Mais fait très attention !

— J’en ai l’intention. Je t’aime tant.

— L’intention ne suffira malheureusement pas. Tu dois réellement faire attention. Si j’apprends que tu m’as trahie encore une fois, c’est définitivement fini entre nous. Et dans le cas contraire, je te demanderai d’acheter les alliances et de déposer le dossier du mariage à la mairie. Mais réussis ton BAC, ne penses pas encore qu’à moi. Pense à tes études.

Je n’avais pas encore d’idée précise de ce que je voulais faire après le BAC, j’avais envie de devenir écrivain, ou prof. de français, ou d’histoire—géographie, ou dentiste. Quant à Mirabelle, elle voulait s’occuper d’enfants, être institutrice ou puéricultrice, ou vétérinaire !

Lorsque nous nous étions retrouvé à Cergy en ce mois de juillet, et le mois d’août à Villeurbanne, nous nous sommes aimés, malgré les hauts et les bas. LIRE LA SUITE

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