Anniversaire milanais
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L’Airbus A319 ITA 1196 touche le sol de l’aéroport de Milano Linate à 14 h 2. Je reste attaché malgré mon envie de me dégourdir les jambes. Le vol depuis Reggio Calabria n’a duré qu’une heure trente-quatre. J’ai emprunté icelui en vue de la réunion du staff après-demain. Je veux être tranquille ce soir, m’offrir un succulent dîner à mon hôtel, dans ma chambre, c’est mon anniversaire : trente ans pile à dix-neuf heures.
Valise en main, je vais à l’arrêt de Star, compagnie qui assure le trajet en autobus. J’ai oublié de me présenter.
Je m’appelle Laura, blonde, 1m72, yeux verts, petits seins, fesses un peu grosses, musclées par la gym que je m’impose régulièrement. Autant vous le dire tout de suite : je n’aime que les femmes, exclusivement.
L’homme aux clefs d’or de l’hôtel Excelsior Gallia Marriott m’accueille avec un sourire lorsque je me présente à la réception et me nomme :
– Signorina Laura, buongiorno.
Je lui tends le courriel avec la réservation inscrite, précise que je remplace celui qui est inscrit, présente ma carte d’identité.
Le concierge la prend, établit une photocopie, me fait signer la fiche (toujours existante outre-Alpes), me donne la clef, en fait un genre de carte de crédit.
Je le remercie, me dirige vers l’ascenseur qui me monte au premier étage. Ma chambre est spacieuse, les fenêtres donnent sur la grande place Duca d’Aosta. Je règle la climatisation, déballe quelques affaires de ma valise. Comme il fait un peu chaud, je me déshabille complètement, sors mon P. C, me mets au boulot.
Il est 17 h quand je sors de la douche. Je finis de m’essuyer quand la sonnerie de la porte tintinnabule. Je m’enroule dans ma grande serviette, vais ouvrir après avoir chaussé les mules mises à disposition par l’hôtel.
La fille me sourit, me montre son badge « Sofia, entretien », et m’explique :
– J’ai été envoyée afin de vous régler la climatisation.
La petite brune me considère presque effrontément de haut en bas, ses magnifiques yeux noirs fixés aux miens :
Posso ?
Sa main me fait signe qu’elle veut entrer. Je bafouille :
– Bien sûr !
Je m’efface, elle pénètre, ajoute presque sur un ton comminatoire :
– Vu votre tenue, fermez la porte.
Je me retiens de l’envoyer au diable : « Je fais ce que je veux, non, mais… ! »
Pendant qu’elle travaille, je décroche le téléphone de la chambre, demande la cuisine à laquelle je commande un repas d’anniversaire-surprise, si ça existe. Le responsable me répond que oui, qu’il fera le nécessaire, mettra une seule bougie sur le gâteau spécial.
Quand je raccroche, Sofia me regarde :
– C’est votre anniversaire ?
Je ne peux que répondre vu qu’elle a écouté :
– Oui. Trente ans.
– Seule ?
– Malheureusement oui. C’est un déplacement imprévu et je dois l’honorer.
– Dommage !
Sofia ferme son sac d’outils :
– Je reviendrai dans une demi-heure pour vérifier si tout fonctionne bien.
– À votre aise, je serai peut-être sortie… Désolée, allez-y !
– Bon anniversaire !
Sa bouche pulpeuse mime un baiser, elle se retourne et sort.
Je pense : « Si tu savais que tu me plais ».
– Merci !
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