Nuits de Chine

2- L’âme du cri (1° partie)
mardi 6 juillet 2021
par  Sibylline
popularité : 1%
38 votes

Quelle force restait-il à Sélène quand on s’affaira à nouveau dans la pièce, qu’en sut-elle, elle qui était retenue par une barrière de flammes qui loin de la consumer, emportaient avec ses fumées ses certitudes et ses doutes, ses souvenirs comme ses projets ? Interrogée, elle eût répondu aucuns, plus même celle de soupirer sinon d’expirer ce qu’elle eut pourtant souhaité, non qu’elle ait voulu renoncer à la vie, mais rejoindre son âme que le brasier avait emportée dans son interminable ardeur.
Un cortège de jeunes gens et de jeunes filles sous la conduite de plusieurs adultes passa devant Sélène. Tous la regardèrent attentivement en faisant cercle autour d’elle, on entendit des mots chuchotés, on laissa faire et ce ne fut que quand le tourment de Sélène ne leur avait plus de secrets qu’un rappel à l’ordre imposa au petit groupe de s’éloigner et de se regrouper autour des adultes. Une femme donnait des ordres et l’un ou l’une d’entre les enfants laissait alors tomber son vêtement à ses pieds et se dirigeait vers l’une des niches qui rythmait le vaste corridor. Chacun prenait alors la pose sous des directives précises. Les enfants qui n’avaient pas été désignés regardaient la scène tandis qu’étaient ajustés quelques détails de la position de chacune des statues ainsi disposées. Quand les êtres de chair furent devenus simples objets parfaitement immobiles, la petite troupe gagna le fond de la pièce, en franchit la haute porte qui se referma sur elle. Ensuite d’un long moment, ne revient qu’une seule des femmes qui tenait à la main un paquet de linge, ramassa et emporta les vêtements abandonnés sur le sol, corrigea sèchement la tenue de l’une des statues et sortit sans un regard pour Sélène.
Alors que la nuit était tout à fait tombée, que la pièce n’était éclairée que par les flammes qui faisaient rougeoyer le corps de Sélène et trembler les ombres des statues, le cortège conduit par Monsieur Deng pénétra dans la pièce. Sélène pivota pour rencontrer son bourreau, mais avant qu’elle ne l’aperçût ou qu’on eut pu vraiment la voir ou deviner les contours de son corps arc-bouté à son lien, les flammes redoublèrent et la dissimulèrent complètement, sinon son visage. Manteau de feu, embrasement des sens, suffocation ultime, tel était le message de bienvenue de Monsieur Deng.
Quand tous eurent traversé la pièce et la porte refermée, Bai se hâta d’arrêter le feu, Shuxia de rompre le lien et dérouler un tapis à ses pieds pour qu’elle ne se les brûle. Elle tomba dans les bras de ses geôlières qui l’entraînèrent plus loin avant de la laisser reposer sur la pierre froide. Aucun lien n’était nécessaire, Sélène était sans force, à peine vivante. Tout au plus avait-elle encore celle de s’étaler de tout son long sur la pierre froide et de s’y laisser reposer. On lui servit un thé, il fallut l’aider à se redresser pour le boire, porter la tasse à sa bouche tant ses mains tremblaient. Shuxia usa de ses vêtements pour lui faire de l’air comme d’un éventail et lui rafraîchissait le visage et le corps au moyen de serviettes chaudes et parfumées, tandis que Bai, de ses mains caressantes, tentait de la tranquilliser. Sélène s’efforçait de retenir ses larmes, mais quand elles l’invitèrent à se reposer à nouveau sur le sol froid, que son ventre et son visage furent confrontés à nouveau à la pierre glacée, elle sanglota et s’abandonna à ses sanglots, indifférente aux soins qui lui étaient prodigués.
Quelques heures auparavant, elle avait de manière semblable sangloter, simplement parce que la nudité lui avait été imposée. Pourtant, cette nudité lui était déjà devenue étrangère, ce corps, elle l’avait abandonné de la même manière qu’elle n’était plus ni enveloppée, ni protégée par lui. Ses larmes avouaient, sinon criaient, l’abandon qu’elle ressentait, son désir clair que le sol s’ouvre et l’engloutisse. On voulut l’aider à se relever, elle s’y opposa, pesant de tout son poids sur le sol dans lequel elle voulait se fondre. Alors Shuxia et Bai s’assurèrent de son immobilité et l’abandonnèrent une nouvelle fois. Sélène demeurait là, immobile, parfois prise de sanglots tandis que passaient continuellement servantes et servants chargés du service du repas. Dire qu’ils étaient indifférents à sa souffrance était peu dire, aucun ne porta son regard sur elle, aucune ne lui marqua de compassion, à peine cherchaient-ils à l’éviter et plusieurs fois, craignit-elle qu’on la piétine ou la chasse comme on l’aurait fait d’un animal, mais il n’en fut rien. Sélène était une ombre qui pareille aux ombres s’étalait sur la pierre froide.
Alors que les gens du service desservaient le repas, Sélène s’était assise au pied d’une des niches qui avaient accueilli les statues de chair qui toutes avaient été délivrées et regardait passer non moins indifférente le personnel qu’il était sans égard pour elle. Ses poignets qui avaient supporté l’essentiel de son poids quand il lui fut réservé le sort de l’embrasement ne lui étaient plus douloureux et elle se les massa comme pour s’en convaincre. Elle retrouvait ainsi quelques forces qui forgèrent bien plus que la tentation, le désir impérieux de s’enlaidir. Elle emmêla ses cheveux jusqu’à devenir hirsute, des mêmes gestes méchants, elle frotta son visage de ses mains puis contre la pierre rêche des murs, arracha l’or de sa poitrine et la libéra du collet qui enfermait ses tétons, frotta si vivement son ventre à son tour contre la pierre qu’elle se blessa aux hanches, puis se râpa le dos et les fesses jusqu’à ce qu’il porte les traînées blanches de la pierre. Elle voulait cette griffure partout sur son corps, et ne plus apparaître que souillée. Cela ne dura qu’un instant, mais si vivement que du corps de Sélène on ne voyait plus que la peau griffée et salie, le sang qui perlait ça et là, le visage défait et la chevelure qui portait fièrement son désordre.
Ce sont les hommes du service qui la maîtrisèrent et ils portaient sur elle des regards consternés. Sélène était enorgueillie de leur effroi, de cette force retrouvée, de cette révolte sans pourtant qu’elle ait cherché à savoir contre qui elle l’avait dirigée. Chacun s’écarta silencieusement pour laisser passer Shuxia et Bai que l’on avait fait chercher. Elles ne purent retenir leurs larmes et de leurs doigts entreprirent aussitôt de la peigner à nouveau, d’effacer les meurtrissures de la peau. Elles ne faisaient pourtant qu’ajouter au désordre de la tenue de Sélène.
La haute porte du salon s’ouvrit et ce fut le signal impérieux qu’il fallait y introduire Sélène. LIRE LA SUITE


ZONE ABONNES L’abonnement vous permet :
- d’enregistrer et d’imprimer l’intégralité des textes publiés de manière illimitée durant la durée de votre abonnement,
- d’avoir accès à certains récits dont la teneur ne permet pas une large publication,
(NB : Si vous êtes déjà en possession d’un pass, entrez-le, selon le type de votre abonnement, dans une des 2 zones prévues ci-dessous pour accéder à la partie privée de RdF)

ALLOPASS OU PAYPAL
OFFRE DECOUVERTE (1 jours)
ABONNEMENT 7 JOURS
ABONNEMENT 15 JOURS
ABONNEMENT 1 MOIS





ABONNEMENT 3 MOIS





ABONNEMENT 6 MOIS





SE DESABONNER


Entrez votre pass abonné

OFFRE DECOUVERTE (code valable 1 jours seulement)


Commentaires

Logo de Sylvain de Perry
mercredi 7 juillet 2021 à 22h24 - par  Sylvain de Perry

Quel plaisir d’arriver à la page 23 pour qu’enfin il se passe quelque chose ! Je ne dévoilerai rien sinon le lecteur serait déçu. Il est rare d’avoir une telle approche philosophique pour un récit SM. Mais l’amateur est gâté puisqu’il a cela pendant 22 pages. L’auteur sait faire partager au lecteur un supplice... chinois ou considéré comme tel. Vivement la suite ! Sylvain.

Logo de Henic
mardi 6 juillet 2021 à 08h32 - par  Henic

La mise en scène est très soignée, aussi recherchée qu’on peut s’y attendre chez un Chinois riche et sûrement cultivé.
Pauvre Sélène, trahie et abandonnée par son mari, ainsi jetée dans un monde inconnu, à la langue incompréhensible pour elle...
Le ton du récit est plutôt triste, en phase avec l’humeur de l’héroïne, qui descend dans un abîme d’abandon et de déprime, mais qui a pourtant encore du ressort en elle. Espérons qu’elle ne sortira pas détruite de son aventure...
... dont on attend la suite avec une certaine gourmandise.

Navigation

Articles de la rubrique