Le Chemin de l’enfer 16

mercredi 23 mai 2012
par  Claire Valmont
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LES NUAGES S’EFFILOCHENT SOUS L’AVION du vol pour Pékin. John somnole dans le fauteuil voisin. Entre mes jambes, le médaillon aux armoiries du comte que je porte maintenant, me gêne encore un peu. Je me remémore la cérémonie où je me suis vue être entravée pour que l’on me pose ce scapulaire. Yuko, la sœur de Maître Kituka, était venue me réveiller. Les journées au château se succédaient interminablement. Il m’était impossible de savoir si l’on était le jour ou la nuit. Le temps était simplement rythmé par les repas, les courtes heures de sommeil où j’étais enchaînée au bord du lit et les séances de pose où j’étais ligaturée et exposée pour être représentée sur les aquarelles du Maître. D’autres fois fouettée par un domestique, sans raison apparente. Au matin, Yuko venait me détacher. Elle me montrait un profond respect. Comme chaque matin, je m’attends à voir Yuko venir me détacher et m’apporter mon repas. Mais cette fois, ce n’est pas elle qui vient me voir, mais un domestique que j’ai déjà vu à plusieurs reprises. Je lui demande pourquoi Yuko n’est pas là ce matin, mais il l’ignore et m’apprend que je n’ai pas de consignes particulières. Je suis simplement libre de ma journée. Le Maître ne semble pas être présent non plus. Les heures passent, je fouille dans les coffres, essayant bijoux, robes et coiffes que je trouve au gré de mon inspiration. Quelques temps plus tard, le même valet m’apporte ce qui semble être mon repas du midi. Sans un mot, il s’éclipse, me laissant seule avec mes pensées. Est-ce un nouveau supplice ? Je n’ai pas pu compter le temps qui s’est écoulé. Cela fait maintenant de longues heures que je suis levée et Yuko fait enfin son apparition. Je cours vers elle pour la serrer contre moi, mais je remarque tout de suite à son attitude que quelque chose en elle, a changé. Je l’observe plus attentivement, elle porte une longue robe kimono que je n’ai encore jamais vu et son visage est fortement fardé, la vieillissant soudain. La blancheur surnaturelle de ses traits est saisissante de contraste avec sa bouche peinte en rouge vif et ses yeux démesurément maquillés comme pour les prolonger. Ses pommettes sont rosies et un nouveau de grain de beauté est installé auprès de sa lèvre inférieure. Sans bruit, elle s’approche du lit où je suis assise et laisse glisser son kimono. Je suis stupéfaite de la découvrir ainsi. Son corps nu est entièrement peint, comme tatoué. De magnifiques fleurs recouvrent ses seins, ses bras et ses jambes par une multitude de couleurs. Seul un axe partant de son sexe jusqu’à sa gorge reste inviolé et disperse ses branches vers les côtes de la jeune femme. Elle se tourne et je découvre les mêmes dessins où dominent les fleurs roses et ocre sur ses omoplates et son dos. Ses fesses sont également peintes et les mêmes fleurs y apparaissent.

— Pourquoi, lui demandais-je ?

— Toi aussi… Demain, m’apprend-t-elle.

Je ne suis pas sûre de bien comprendre. Va-t-on me peindre aussi ? Comme elle ?

Yuko me salue en inclinant sa tête.

— Oui, demain. Pour l’instant tu vas aller dormir…

Le lendemain, Yuko revient me voir et me présente le bol de riz ainsi que le thé. Puis, elle me guide dans le méandre des couloirs jusqu’à une pièce où se trouve déjà son frère. A son invitation, je m’agenouille près de lui. A son côté, je remarque une quantité de petits pots et de fins pinceaux. Yuko me demande de m’allonger sur la natte de bambou. Presque aussitôt, le travail du Maître commence. Je sens les fibres glisser sur ma peau. J’ignore ce que signifient les dessins qu’il peint, mais à la vue de ceux qu’il a laissé sur le corps de sa sœur, j’ai presque hâte de voir les miens. Au moins deux heures se sont écoulées et il me demande me retourner. Je vois maintenant avec quelle application il manie ses pinceaux. Mes seins se dressent lorsque la soie laisse son empreinte. Mes cuisses et mes bras sont maintenant également recouverts. Son œuvre est presque finie.
Je ne sais même pas dans quel but, le Maître a fait tout cela. Yuko me raccompagne à ma couche où m’attend une collation. Nous dînons ensemble en silence. Elle ne veut rien me dévoiler.

Le lendemain, après notre traditionnel déjeuner, elle me guide au centre de la grande pièce, sous la passerelle métallique où un immense trépied de bambou surplombe une natte de roseau. Une multitude de bougies entoure la couche dont le scintillement donne un caractère sacré au lieu. Le Maître s’est revêtu de son kimono noir orné de dragons. A terre, une longue corde attend, j’aperçois également le coffret d’ébène dont l’intérieur est recouvert de satin ocre où trône le scapulaire. Je suis nue, recouverte uniquement des dessins du Maître, impatiente de recevoir la marque du comte. Le Maître m’invite à m’installer sur la natte. En quelques mouvements, je me retrouve suspendue au centre du trépied, ligaturée, écartelée. Mes chevilles et mes mollets sont liés aux deux premiers poteaux. Mes poignets sont tirés en arrière au dessus de la tête vers le troisième bambou du trépied. Mon bassin est suspendu à cinquante centimètres du sol, alors que mes épaules touchent encore la natte. Les entraves passées autour de ma taille, mes cuisses et mon cou neutralisent toute possibilité de mouvement. Yuko, nue également, s’est agenouillée à mon côté. Elle me prodigue maintes caresses légères et raffinées qui me procurent une infinie volupté. Une musique orientale, légère et lancinante lance ses notes à travers la pièce. Je devine le Maître agenouillé devant moi contemplant mon sexe. Une curieuse impression se répand dans tout mon corps, alors qu’à l’aide d’un rasoir archaïque, il m’enlève avec application toute pilosité superflue. Je ne sens rien, absorbée dans mes pensées et bercée par les attouchements de Yuko. Le raclement du rasoir a disparu, que s’est-il passé ? Le peu de temps qui s’est écoulé lui a suffi pour me transpercer les lèvres et fixer le bijou. Curieusement, aucune douleur ne m’a traversée. Je reste attachée, livrée aux regards du comte et de Lord Kingsley qui, juste au dessus, me contemplent du haut de la passerelle. Je ne peux pas voir l’objet dont je sens le léger poids sur mon sexe, mais je ressens comme une immense fierté d’être ainsi exhibée sous leurs yeux. Bien plus tard, j’aurai l’occasion d’admirer ce médaillon représentant les armoiries du comte et de le tenir entre mes mains pour y lire au dos : « Pacte de soumission totale envers le comte Edward Ferring ».

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Commentaires

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samedi 16 août 2014 à 16h17 - par  Christine

Pour tous ceux et celles qui souhaitent de nouveau arpenter (ou découvrir) les « Chemins de l’enfer » c’est par ICI

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vendredi 15 août 2014 à 11h51 - par  Claire Valmont

Pour tous les adeptes du Chemin l’enfer, vous pourrez retrouver les aventure s complètes de Claire Valmont dans le livre « Jeux Virtuels » édité chez EDILIVRE, auteur Yann Dromenge. dont le lien suit :
http://www.edilivre.com/jeux-virtue...

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dimanche 21 juillet 2013 à 14h47 - par  orkka

Bonjour Claire, vos épisodes sont un régal à lire. J’espère qu’il y aura une suite pour la série « alle » et que vous nous ferez l’honneur d’écrire d’autres récits BDSM. A moins que vous écriviez un livre. Dites le moi et j’irais immédiatement acheter votre bouquin. J’aime vous lire. Vous avez une belle plume madame. Merci

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mercredi 28 novembre 2012 à 17h23 - par  Henic

Cet enchaînement d’histoires à épisodes (« Le chemin de l’enfer » puis « Alle ») est déconcertant : il semble que la première ne soit pas achevée alors que la seconde en est à son 4e épisode...
Mais tout cela se lit avec beaucoup de plaisir.

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mardi 29 mai 2012 à 21h35 - par  JP.

Un épisode de la série très original ,très subtil , un grand plaisir à lire .