Je est une Autre

Chapitre 4 à 6
mardi 14 novembre 2023
par  Christine Arven
popularité : 1%
27 votes

À mes côtés, ma vénus inconnue s’ébroue et se retourne vers moi me tirant, dans un sursaut, de ce souvenir qui a éveillé en moi un sentiment nostalgique dont je voudrais me défaire. « Ne plus penser à ça. C’est du passé ! C’est fini et c’est tant mieux ! » Dans son mouvement, son bras s’enroule autour de mon ventre et sa tête se love contre mon épaule, y trouvant naturellement sa place. Je n’ose pas bouger de peur de la réveiller. Je me sens si bien ainsi, son corps diffusant une douce chaleur apaisante dans le mien. Un parfum suave aux senteurs florales émane de sa chevelure et fait frétiller mes narines. Je savoure ces minutes de bien-être intense que je fais, jalousement, miennes. Il est un fait que, sous mon apparence de femme autoritaire et sûre d’elle, se cache, protégé par de solides défenses, un cœur qui fond au premier signe d’affection. Je n’ai que trop conscience de mon émotivité à fleur de peau qui me rend vulnérable.
Alors, hors de question d’avouer à quiconque combien j’apprécie ces moments de tendresse pure qui emplissent mon cœur d’un bonheur simple ! Hors de question que je reconnaisse cette fragilité qui m’habite. Je suis… je dois être forte quitte à paraître froide et intransigeante. C’est ainsi que je veux que l’on me considère ! Même si c’est au prix d’un certain isolement que j’accepte. J’ai donc, jour après jour, créé autour de moi une bulle infranchissable, seul moyen que j’ai trouvé pour me protéger.
Ceci étant, je ne sais toujours pas qui est cette inconnue qui dort à mes côtés en encore moins comment elle a atterri dans mon lit. Je ferme les yeux et reviens en pensée à la veille au soir.
Pour l’occasion, je me souviens avoir jeté mon dévolu sur une courte robe profondément échancrée en souple cuir noir qui, je le sais, me va à merveille. Bien ajustée, elle a le mérite de mettre en valeur mes seins et, fendue haut devant et derrière, de permettre un accès aisé à mon sexe. Il va sans dire que je ne porte, bien évidemment, ni culotte ni string. Il y a longtemps que j’ai banni de ma garde-robe ces accessoires que je juge inutiles. (Ah ! le plaisir de déambuler sexe dénudé et sentir, au gré de mes pas, la brise coquine s’immiscer entre mes cuisses !) La finesse du cuir qui colle à la perfection à mes fesses, comme une seconde peau, ne laisse aucun doute sur ma nudité et ma parfaite accessibilité. Une tenue peut-être… non… soyons franche… certainement provocante. Mais cela me convient parfaitement. J’aime tellement susciter le désir ! Des hommes comme des femmes d’ailleurs. J’avoue ne pas avoir de véritable préférence. Seul compte, je l’ai dit, le plaisir.
Un dernier regard vers le miroir qui reflète le visage d’une femme mature. À mi-chemin entre fraîcheur juvénile et vieillesse à venir. Le visage d’une femme qui voit, jour après jour, sa jeunesse s’envoler, mais qui, en même temps, acquiert force et sérénité. Un soupir désabusé devant cette fine ridule à la commissure de ma bouche qui n’était pas là hier ! Qu’y faire si ce n’est l’accepter et en faire un atout ? Une dernière touche de rouge carmin sur mes lèvres, un voile de parfum et je pars. Sûre de moi. De mon charme et de ma séduction. Et décidée à en profiter !
Un peu plus tard, je me revois accoudée un verre de whisky à la main au comptoir de ce bar à l’ambiance ambiguë à la fois chaleureuse et feutrée, mais qui n’a rien de malsain, où, depuis quelque temps, j’ai mes habitudes. Une adresse bien connue des noctambules à la recherche de rencontres éphémères. Lieu interlope où j’aime me perdre pour mieux oublier la femme emplie de doutes que je suis dans ma vie « sociale ». Il n’y a que là que j’ose libérer l’Anna licencieuse qui dort en moi, qui est tout aussi réelle que l’Autre, la sérieuse, que mes proches connaissent.
Étrangement, contrairement à d’autres lieux moins ambigus, il y règne une atmosphère consensuelle, voire amicale. Sans aucun doute, due au fait que ceux et celles qui viennent dans ce lieu de « perdition » savent parfaitement ce qu’ils cherchent et ce qu’ils vont y trouver. Du sexe ! Aucune équivoque… Aucune contrainte…
Je suis bien. Détendue. Je me laisse griser par la musique et, tout en sirotant mon whisky, je parcours la salle d’un regard averti à la recherche de mon… ou mes partenaires du soir. Le barman, au demeurant fort « appétissant » (mais beaucoup trop jeune selon mes critères), se penche vers moi et me glisse, tout en remplissant mon verre « Cadeau de la maison ! », que je suis, ce soir, particulièrement en beauté. Je lui souris sensible à son compliment. Même si je sais qu’il n’est pas tout à fait sincère. Mais bon ! Un compliment est toujours bon à prendre surtout de la part de quelqu’un qui pourrait être mon fils. C’est tellement rassurant !
Encore plus tard… Je suis maintenant attablée avec un groupe d’hommes et de femmes. J’en connais (au sens biblique du terme !) certains, d’autres sont pour l’heure, ce qui me met en joie, à découvrir… Discussion animée sur des sujets futiles. Badinages légers emplis de sous-entendus qui nous émoustillent… Rires… Échanges de regards égrillard, mais bon enfant. La tension érotique monte peu à peu… Chacun sait, bien sûr, comment va se finir la soirée, mais, tous, nous apprécions ces préludes où des connexions informulées qui aiguisent le désir s’établissent. Le champagne a remplacé le whisky et je me laisse griser par le pétillement de cette boisson que j’affectionne particulièrement. Les regards se font plus aigus. Les allusions plus affûtées.
À mes côtés, tandis qu’il remplit pour la énième fois ma coupe, un homme pose, comme par inadvertance, une de ses mains sur mon genou. Je la regarde remonter lentement le long de ma cuisse, se faufiler plus haut vers mon sexe. LIRE LA SUITE


Image par Saulius Rozanas de Pixabay


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Commentaires

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dimanche 19 novembre 2023 à 15h30 - par  kingliart

Christine, vite la suite ! Cette femme, maintenant qu’elle a pleuré, choquée de n’être pas considérée, est une parfaite candidate aux tourments. Bravo pour cette mise en place de ce qui devrait etre un long récit ou roman... (je devrais en prendre de la graine :)

jeudi 16 novembre 2023 à 23h26

Dans les histoires de Christine, si je puis me permettre d’être particulièrement grivois en reprenant le commentaire de Sylvain de Perry, il n’y a pas que le style qui soit bien léché, en particulier dans cette seconde partie de « Je est une Autre ».
Il est normal de vouloir se protéger, de ne pas se laisser envahir dès la première rencontre. Cependant, il semble que l’héroïne soit vraiment séduite par sa rencontre d’un soir et la nuit pour le moins voluptueuse qui s’en est suivie.
Est-ce le début d’une modification profonde de sa carapace, dont l’usage l’a de facto éloignée de possibles relations amicales, voire plus ?
Il n’y a plus qu’à patienter jusqu’à la publication des chapitres suivants...
Merci Christine !

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mercredi 15 novembre 2023 à 12h54 - par  de Perry

Nous n’avons pas attendu cette suite trop longtemps. Aucune déception après la lecture, malgré la surprise laissée par cette fin brutale. Etonnante même si elle laisse présagée une suite qui devrait être encore plus surprenante. Le style de Christine Arven est EXCELLENT, bien léché, comme elle seule sait le faire. Encore une fois... vivement la suite. Sylvain.