Dépravée

mardi 22 novembre 2011
par  Baron rouge
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J’ai connu une époque de confusion. J’en ai honte à présent. J’ai consenti peu après à un début de psychanalyse interrompue par la suite. J’en sais assez sur mes gouffres. J’ai du monstre dans ma psyché comme tout un chacun. Cependant je ne croyais pas atteindre à une pareille transgression. Je n’en ai fait l’aveu à personne hormis vous, involontaires confidents d’une fausse confession. L’écriture est un si commode exutoire. Elle fait accroire à une hypothétique résilience. Je n’en suis pas dupe, mais j’avoue le plaisir secret à m’étaler ici en larges lignes sur mon crime et mon tourment.

Tout a commencé dirais-je par un homme, mon compagnon d’alors. J’avais pour lui une admiration sans bornes. Il était brillant et plus âgé que moi. Il aurait pu être mon père. J’étais maître de conférences à l’Université. Il m’avait reçu le premier jour. Je le connaissais de notoriété. J’avais adoré l’un de ses ouvrages et grand succès de librairie malgré l’aridité du sujet.

Il était homme à femmes. J’aurais dû ne rester qu’une de ses maîtresses. Mais ce soir-là il m’avoua en même temps que son âge, sa maladie et le désespoir qui l’étreignait souvent. J’entendis son appel au secours et crus devoir y répondre. Je fus trop sensible à son propos si lyrique où il parlait de l’analogie de mon visage avec celui des madones de Raphaël. Par la suite je perçai à jour tout le secret de ce langage orné. Je fus dupée par de vieux tours.

Nous achetâmes ce pavillon en petite banlieue où nous fûmes heureux cinq ans. Je fermais les yeux sur ses relations amoureuses avec de jeunes étudiantes. J’étais plutôt novice en matière de sexe. Il m’initia à ce que je percevais alors comme des cochonneries, mais je ne croyais ne devoir rien lui refuser.

En moins d’un an, je découvrais à la fois saphisme, sodomie et boîte échangiste. Mes parents et mes proches ne surent rien de cette débauche où m’entraîna cet homme, vénérable intellectuel admiré si universellement. J’ai été heureuse en enfer. J’ai avancé les yeux longtemps bandés. Avec effroi j’ai découvert ce fond de tourbe au fond de moi.

Le psy m’a peu ou prou convaincu que c’était le résultat néfaste de mon éducation rigoriste.

Il est vrai que le caractère démoniaque de mes excès ne pouvait traduire qu’une sorte de rébellion contre l’argile dont on m’avait pétri. Il me fallait profaner cette petite fille virginale dont se flattait dans leur quartier mes parents ce qui me parut toujours exorbitant et répréhensible. Cette belle statue je n’avais de cesse de la fouler maintenant au pied dans nos étranges sabbats. Je devenais une autre sous le ministère d’un funeste compagnon. Aussi je fus-je atterré par sa trahison et sa disparition dans mon univers.

En effet j’appris dans un courriel cruel qu’il me quittait pour l’une de ses étudiantes dont les parents avaient beaucoup de biens. J’augurais mal de ce choix ce que le destin allait bientôt confirmer. Cette débauche et cette fuite devant précipiter ses jours.

Deux ans plus tard, il vint en effet à mourir. J’accusai mal du coup. J’avais rêvé un jour de fermer les yeux de mon mentor. Je ne hais tant point l’imprévu et le hasard. Je lui en voulais qu’il m’ait fait monter si haut sur une branche pour m’abandonner. Ainsi que le petit chaton, je ne savais maintenant comment redescendre.

Un temps je plongeais dans une profonde dépression et n’eut plus de contact que mes deux vieux parents désarmés. Entre autres vices il m’avait converti au Whisky ce qu’ignoraient aussi mes proches. J’en bus beaucoup et de façon inconsidérée. La solitude bientôt me pesa pourtant. Je ne voulais cependant accéder aux sollicitations des anciennes relations. Celles-ci me rappelant mon compagnon. J’étais emmurée vivante dans le désespoir. Cet état d’immobilité aurait pu durer longtemps. Je n’avais de consolation que mon beau berger allemand Sultan que je ne voulais frustrer de ses longues marches journalières. LIRE LA SUITE



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