Rêves de cuir -1-

samedi 23 juin 2012
par  Dominique
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Daphnée, haletante, attend avec anxiété celui que les policiers, en la quittant, ont nommé le commandant.

Elle est entièrement nue ou presque ; on lui a laissé, selon les ordres – c’est ce qu’elle a entendu lorsqu’ils l’ont déshabillée - ses cuissardes, qui gainent ses longues jambes jusqu’ au- dessus du genou ; et à même la peau la large ceinture de cuir, qu’elle portait sur son jeans, et qui, serrée de manière lâche, d’un mouvement incurvée, épouse sa taille, et dont la grosse boucle de métal surplombe le creux de son ventre et son sexe.

Ses bras sont tendus en l’air ; les poignets pris dans deux bracelets en cuir noir, joints par des anneaux à deux chaînes à gros maillons chromés, fixées au plafond du cachot.

Les talons hauts de ses bottes et la pointe de ses pieds effleurent à peine la terre battue.

Elle serre les cuisses et tire sur les chaînes ; elle s’y accroche presque, empoignant leurs extrémités nerveusement, mais aussi pour ne pas perdre l’équilibre.

Tout son corps est en extension, ce qui est du plus bel effet, mettant en valeur sa sculpture parfaite.

Ses grands yeux verts brillent, mouillés de larmes ; elle respire par saccade, bruyamment, la poitrine palpitante ; lèvres entrouvertes, un goût de plomb dans la bouche.

La cellule où on l’a abandonnée un peu plus tôt, enchaînée dans cette position terrible, est un sous-sol d’une quinzaine de mètres carrés, sans ouverture sur le jour, éclairée par un néon qui y répand une lumière blanche désagréable ; des murs faits de parpaings peints à la chaux ; une table en métal rectangulaire enduite d’une vilaine peinture verdâtre, et une chaise assortie dans un coin ; et sur la table, une longue cravache , au manche tressé, qu’elle ne quitte pas des yeux.

L’air est étouffant.

Que vont-ils lui faire ? La torturer ? La violer ? Daphnée imagine le pire. Elle a entendu parler de touristes arrêtées ainsi, accusée de transporter de la drogue, et clamant leur innocence.

Mais pourquoi elle ? Qui peut lui en vouloir ainsi ? Une rançon ?

Elle n’a pris parti pour aucune faction ; ni pour les rebelles, ni pour les représentants de la junte ; à aucun moment, suivant en cela les recommandations de l’organisation qui l’emploie ; elle était là en observatrice ; mais c’est peut-être déjà trop. Pourtant elle n’a pas vu - ou plutôt on ne lui pas laissé voir- grand- chose ; c’est sans doute ce qu’on veut l’empêcher de dire. Non, c’est absurde, c’est impossible … Elle se perd ainsi en conjectures. S’ils sont allés jusqu’à l’enchaîner de la sorte, de façon totalement arbitraire, sans autre forme de procès, c’est que ces militaires se croient tout permis, que rien ne saurait les arrêter ; ils se sont mis d’emblée hors du droit ; c’est très mauvais signe, signe de non- retour même… Et elle tremble à l’idée de ce qui l’attend.

Des pas résonnent sur le sol carrelé du couloir ; la clef tourne dans la serrure ; la porte de fer s’ouvre, derrière la prisonnière, frémissante…

Le cauchemar avait commencé environ une heure plus tôt à l’aéroport, quand elle s’apprêtait à embarquer pour la capitale de l’archipel où elle devait faire escale pour Paris.

Elle avait fait sensation en apparaissant dans la salle d’embarquement où n’attendaient que des hommes. Moulée dans un jeans gris délavé, bottée de cuir noir jusqu’à mi cuisses, un débardeur de soie sauvage blanche sans manche, lacé négligemment sur les seins, avançant d’une démarche souple, avec son visage de madone, sinon ses lèvres trop sensuelles, éclairé par ses deux grands yeux verts lumineux, et encadré d’ une chevelure épaisse, couleur des blés, ondulant en boucles sur ses épaules nues et le haut de son dos ; elle était fière de ses charmes et aimer les exhiber en dosant selon un savant mélange dont elle avait le secret, élégance et allure canaille.

Daphnée aurait pu être top model, on lui avait proposé plusieurs fois de tenter l’aventure, son physique et ses mensurations l’y prédisposaient, mais elle avait préféré après ses études de droit et de sciences politiques, deux ans plus tôt, s’engager dans une organisation non gouvernementale ; un autre type d’aventure, la vraie celle-ci, qui lui valait d’être envoyée à l’autre bout de la planète dans des lieux peu sûrs ; mais c’était son choix, se mettre au service des autres, des opprimés ; il reste qu’ elle s’avouait souvent que flirter avec le danger l’excitait un peu, lui permettant de rompre avec la vie choyée des beaux quartiers qu’elle avait connue jusqu’alors.

Des policiers, au contrôle des passeports, l’avaient priée de les suivre, au grand dépit des deux jeunes gens qui avaient pris la file exprès derrière elle pour mieux la mater, leurs regards avides fixés sur ses fesses moulées dans son jeans ; remarquant leur manège, souriant intérieurement, tout en affectant de ne pas les voir, elle avait cambré un peu plus la taille .Mais son visage s’était vite rembruni quand elle avait compris que la demande des policiers était ferme et sans appel. Elle devait obtempérer, alors que le départ de son avion était imminent.

Elle s’était retrouvée dans une petite pièce confinée et mal éclairée, prise d’un haut le cœur par l’odeur aigre de transpiration qui y régnait ; trois policiers s’y tenaient ; le plus âgé, le plus gradé sans doute, presque obèse, le visage bouffi, mal rasé, les yeux injectés de sang, était assis derrière une table sur laquelle trainaient épars des formulaires. Il taillait avec application un crayon et voyant la nouvelle venue bailla, comme s’il était contrarié dans sa tâche ; se tenait à côté de lui une espèce de nabot aux joues creuses et au regard de fouine qui, au contraire, s’intéressa tout de suite à elle, montant sur ses ergots, la toisant des pieds à la tête, avide. Agathe frissonna et grimaça de dégoût. Elle fit à peine attention au troisième homme, assez grand, un peu à l’écart, adossé dans la pénombre au mur, les bras croisés, le haut du visage caché par la visière de sa casquette et des lunettes d’aviateur, qui tourna avec nonchalance la tête vers elle. Sans qu’elle s’en rendit compte, le contenu de son sac à mains se retrouva étalé sur la table, et, comment- elle ne le sait pas, tout s’était passé si vite, mais elle est sûre que tout s’était joué à cet instant- on y avait retrouvé ces deux sachets de poudre qui avaient causé sa perte.

« De la drogue, cette putain transporte de la drogue ! » avait hurlé le douanier dans un méchant espagnol, sortant soudain de sa torpeur.

Les deux autres hommes l’avaient aussitôt encadrée et saisie fermement par les coudes tirant ses bras en arrière, pour l’immobiliser devant leur chef. L’homme l’avait regardée, amusé ; d’abord s’attardant sur sa poitrine largement découverte, la position contrainte échancrant un peu plus son top, laissant deviner ses seins tendus et pointant en avant sous le tissus ; puis glissant ses yeux, où se mêlaient ironie et lubricité, vers ses hanches, ses cuisses et son sexe serrés dans le denim.

Puis cela avait été la fouille ; horrible.

Face à l’un des murs de la pièce, bras et jambes écartés, paumes plaquées contre le mur, reins cambrés ; les mains calleuses de ces porcs, qui l’avaient palpée sous tous les angles, s’attardant sur ses hanches et ses fesses, glissant par son décolleté vers ses seins ; les rires gras aussi et les remarques salaces sur son anatomie. Et elle, fermant les yeux pour ne pas voir leur air goguenard, partagée entre la rage et la peur.

On l’avait ensuite jetée, les mains menottées derrière le dos et les yeux bandés, à l’arrière d’un van, qui avait roulé une bonne vingtaine de minutes.

Un arrêt brutal. Le claquement de portières, des vociférations ; elle avait été soulevée par les coudes puis poussée, maintenue par des poignes de fer, dans un escalier descendant aux marches grillagées, dans lesquelles ses talons s’étaient pris à plusieurs reprises, la déséquilibrant, ce qui lui avait valu à chaque fois une reprise en mains brutale et des insultes ; un long corridor ensuite ; des portes métalliques et lourdes qu’on ouvrait et fermait, grinçant sur leurs gonds ; le cliquetis des serrures et des verrous ; le sentiment qu’on la conduisait en enfer ; et toujours ces vociférations et ces invectives grossières en espagnol sur leur passage. Une prison sans doute. Mais le bandeau l’empêchait toujours de voir. Après avoir viré à droite devant une nouvelle porte qui s’était ouverte devant eux, ils avaient descendu encore deux dernières marches et s’étaient immobilisés. Et une voix nasillarde avait crié :

« Mettez cette putain à poil ! Il faut la préparer pour le commandant, qui va venir l’interroger. Vous connaissez les ordres »

Daphnée prise d’un sursaut de révolte, avait bien cherché à se débattre, en criant tout son soûl, mais les deux gardes qui l’encadraient, avaient immédiatement maté sa rébellion, la maintenant fermement par les bras tandis qu’un autre homme déboutonnait brutalement son jeans, le faisant glisser avec peine, tant il la serrait, sur ses hanches et le haut de ses cuisses, jusqu’aux revers de ses cuissardes. On avait libéré ses poignets mais c’était pour lui retirer plus facilement son top. Elle avait voulu cacher derrière ses bras ses seins nus. Profitant de ce réflexe de pudeur, ils l’avaient soulevée avant de la coucher sur le dos sur la table ; bras en croix, tenus par les poignets, plaqués sur le plateau, les jambes en l’air, hurlante. On lui avait retiré ses bottes ; son jeans ensuite ; puis le string de dentelle noire, dénudant un sexe soigneusement épilé, ce qui avait suscité des exclamations obscènes ; enfin le bandeau qui l’aveuglait depuis l’aéroport. Ce n’étaient pas les hommes de l’aéroport mais quatre solides policiers aux visages de brutes en uniforme noir. Elle avait cru qu’ils allaient la violer, quand ils lui avaient ouvert les cuisses, un homme tirant sur chacune de ses jambes pour les écarter et exposer son intimité au regard lubrique, de celui qui était leur chef. L’homme s’était approché, la mine hagarde, avait posé ses mains sur elle, les autres l’excitant mais un voile d’hésitation avait passé dans ses yeux, et il s’était ravisé, crachant par terre, presque furieux.

« Qu’on lui repasse ses cuissardes comme l’a demandé le commandant et enchaînez la » !

Et les autres policiers, s’étaient exécutés, déçus eux-aussi.

Ils l’avaient abandonnée ainsi, quittant la cellule en lui faisant des signes obscènes, suivi de leur chef, maussade, frustré sans doute.

La porte du cachot s’est donc ouverte.

Daphnée qui lui tourne le dos, se déhanche et fait pivoter légèrement sa tête sur son épaule droite, pour voir le nouveau venu, son bourreau sans doute.

Tout son sang se glace. Elle se crispe, fermant les poings et serrant un peu plus la chaîne qui emprisonne ses poignets. Cette silhouette féminine et élancée qui s’encadre sur le seuil ; elle l’a tout de suite reconnue...

C’est cette superbe femme, d’origine chinoise, qui ne l’a pas lâchée la veille à l’hôtel. La cinquantaine, grande et mince ; un regard tantôt dur, tranchant comme une lame de couteau, qui vous glace, tantôt libidineux et sucré, qui vous enveloppe ; qui ne peut pas tromper en tout cas.

La nouvelle-venue apprécie la position déhanchée, qui fait ressortir la finesse de la taille et la cambrure des fesses de la prisonnière ; elle arbore un sourire à la fois méchant et satisfait.

Daphnée avait tout de suite sentie la lesbienne sadique ; ses yeux de proie qui avaient fondu sur elle, quand elle était apparue le long de la piscine. Et,pour s’amuser mais sans en imaginer une seconde les conséquences, elle avait décidé de s’en jouer. Elle portait un maillot une pièce bleu clair à la coupe passablement impudique mettant parfaitement en valeur ses formes. Tous les yeux s’étaient portés sur elle, ce qui ne lui avait pas échappé, impassible en apparence, derrière ses lunettes de soleil, la commissure de ses lèvres esquisant juste un léger mouvement. Sans plus attendre, nouant ses cheveux en queue de cheval, abandonnant ses lunettes sur un transat, elle avait piqué une tête dans la piscine, espérant que le bain la rafraîchirait et la délasserait après sa dernière journée, qui avait été la plus harassante de toutes ; heureuse de voir que le bassin était vide de tout nageur mais aussi de faire admirer ses qualités de nageuse. Mais la Chinoise l’avait rejointe dans l’eau, la gratifiant d’un sourire mielleux au moment de la croiser au milieu du bassin.

« Elle est délicieuse, n’est-ce pas ?... »

Daphnée avait augmenté la cadence de ses brasses sans répondre, affectant une moue de dédain. L’autre s’arrêtant et l’observant, rêveuse, fendre l’eau avec vélocité.

Un garçon lui avait apporté un cocktail de fruit lorsqu’elle se séchait au soleil, allongée sur une chaise longue, lui indiquant d’un geste discret, devant son regard interrogateur, à qui elle le devait. La Chinoise couchée un peu loin, lui avait souri à nouveau, d’un air entendu, en levant son propre verre. Agathe avait refusé le verre, s’était levée et, s’enveloppant dans un peignoir de soie, était repartie vers sa chambre, passant devant son admiratrice, sans daigner la regarder.

Le même manège avait recommencé le soir. Daphnée sirotait au bar de l’hôtel un martini, perchée sur un tabouret, moulée dans une robe minimaliste en stretch noire, qui laissaient nus ses bras et ses épaules, et découvraient ses jambes jusqu’en haut des cuisses. Elle avait senti soudain une présence à côté d’elle, et levant la tête avait aperçu dans la glace située derrière le bar le visage de la Chinoise.

« J’aimais ton maillot mais cette robe te va à ravir. Félicitations ! Je peux t’offrir un autre verre, j’aurais peut-être plus de succès que cet après midi. »

Daphnée s’était tournée vers elle pour la considérer, affectant, malgré un certain trouble, à nouveau un air supérieur. Elle l’avait trouvé très belle dans son sari turquoise , fascinante même, sans savoir au juste pourquoi ; son corps long et noueux, ce visage de poupée de porcelaine aussi avec ses yeux d’encre, deux fentes très fines et étirées, peut-être ? L’autre l’avait senti et avait esquissé un sourire découvrant une dentition parfaite entre ses deux lèvres rouge vif.

« Ne sois pas farouche comme ça ! »

Daphnée hésita un instant puis rétorqua sèchement :

« Ecoutez, Madame, fichez moi la paix, je vais être directe, je ne suis pas ce que vous pensez, j’ai eu une semaine harassante et je souhaite me reposer, alors passez votre chemin et allez chasser ailleurs... »

L’autre était restée coite, interloquée par la réplique.

Daphnée s’était levée brusquement, lui tournant le dos, décidant de regagner sa chambre, à l’abri de l’importune. Mais par provocation, elle n’avait pu s’empêcher de rouler des fesses ostensiblement jusqu’à l’ascenseur, consciente que l’autre la suivait des yeux. Elle ignorait qu’elle venait d’éconduire Bai Li, la redoutable responsable de la police locale.

Bai li est en tenue d’officier ; uniforme noir : culotte de cheval et veste à même la peau qui la cintre parfaitement ; bottée et gantée de cuir ; les cheveux tirés en arrière en chignon. Daphnée frémit en apercevant la badine qu’elle tient et dont elle fait tourner le manche de sa main gauche. Et elle songe : c’est donc cette femme qui a tout organisé, son arrestation à l’aéroport, son emprisonnement ; elle doit occuper un poste important dans la police ; et elle se souvient soudain que lors de son premier séjour sur l’île, à son arrivée dans la région, on lui avait parlé d’une femme, chef de la police locale, qui faisait régner la terreur ; elle va vouloir laver l’affront qu’elle a subi et sans la connaître, Daphnée devine que la vengeance sera terrible, mais en même temps elle sent un creux dans son ventre...

« Que fais-je ici ? Pourquoi m’a-t-on arrêtée ? Vous n’avez pas le droit ! J’exige qu’on me libère immédiatement. »

« Voyez- vous ça, Mademoiselle, a des exigences. »

La Chinoise s’est campée devant elle, narquoise, prenant à témoin la jeune gardienne qui lui a emboité le pas dans le cachot ; c’est une fille, plutôt jolie, de type hispanique, très mince, cheveux ras, aux traits durs mais à la poitrine garçonne ; elle porte un pantalon treillis, un maillot de corps kakis ajusté à la place de la veste et des rangers.

« On a trouvé de la drogue dans ton bagage ma belle. Tu sais ce que cela signifie ici ; la peine de mort ou la prison à perpétuité. »

« Mais c’est un coup monté... »

« Tut tut...Vous dites toutes ça ! Ta parole contre celle de trois braves et honnêtes douaniers ne pèsera pas lourd devant le juge. »

« Ce n’est pas possible, ce n’est pas vrai...Je sais que c’est vous qui avez tout fomenté ; c’est à cause d’hier à l’hôtel. »

« Quelle sagacité ! Mais tu en as manqué singulièrement en m’éconduisant comme tu l’as fait après m’avoir allumée au bord de la piscine. »

« Mais vous dites n’importe quoi, ce n’est pas vrai, c’est vous… »

« Ne fais pas ta mijaurée ; tu remuais le cul comme une putain et le soir, au bar, tu montrais tes cuisses à qui voulait les voir ; et cet après- midi encore, serrée ton jeans, en cuissardes, allumant tous les mâles dans la salle d’embarquement ; je connais les salopes de ton espèce. »

« Vous êtes complétement dingue ! »

La Chinoise fronce les sourcils l’espace d’un instant, une ombre passe sur son visage, mais, se maîtrisant, elle sourit à nouveau, un peu crispée toutefois ; elle saisit le menton de Daphnée entre le pouce et l’index, et approchant son visage du sien, la fixe droit dans les yeux.

Daphnée sent son haleine chaude. Elle se raidit. Mais, dans un réflexe de fierté, ne voulant pas céder, elle soutient, presque défiante, le regard qui la fixe.

« Tu veux donc jouer les rebelles, je vois. J’aime ça ! Ton dressage n’en sera que plus corsé. Mais sache que bientôt tu baisseras tes yeux et tu ramperas devant moi ; je ferai de toi ma chienne ! »

Et elle lui décoche un coup de badine sur le haut des cuisses. Daphnée, secouée d’un léger spasme, pousse un petit cri.

« Je t’avais bien dit ma chérie qu’elle était très belle ; tu comprends pourquoi j’ai craqué pour elle hier. »

C’est à celle qui l’accompagne qu’elle s’est adressée. La bouche de la fille se pince et une lueur mauvaise passe dans ses yeux noirs. Elle ne répond pas et vient se placer derrière Daphnée, après avoir saisi sur la table la cravache ; l’air rogue.

« Cette petite garce est parfaitement montée ; un vrai corps de déesse. Regarde ces hanches en forme d’amphores, l’incurvation délicieuse du ventre vers le sexe, ces seins arrogants ; mais ma parole, ils pointent, vois-ça, cette putain est excitée à l’idée d’être punie ! »

Elle fait glisser sa badine sur l’objet de ces considérations titillant les tétons qui durcissent davantage au contact de la tige.

« Et vois ce cul ! »

Elle va rejoindre l’autre derrière Daphnée qui s’étonne de la voir détendre ses chaînes ; elle croit que c’est pour la libérer mais en fait il s’agit juste de lui permettre de reposer de façon plus stable sur le sol. Et la la Chinoise la saisit par les hanches pour l’obliger d’un geste preste à faire saillir davantage ses fesses. Puis elle assène un coup de pied sur la face intérieure de chacune de ses chevilles afin de la contraindre à écarter les jambes ; sans excès , mais pour que sa chatte soit bien exposée, dans son entrecuisse.

« Cambré à merveille, juste ce qu’il faut, et cette peau de soie ; admirable ! Mais je vois que je t’agace ma chérie. J’abuse de ta patience, et en vérité je suis moi-même impatiente de voir cette petite catin se tordre sous la morsure du fouet. Allez, elle est à toi, tu peux te venger, châtier cette garce, qui a osé me provoquer ; comme elle le mérite ! Il faut faire comprendre à cette petite française impudente, qui se croit tout permis, qu’ici, ce n’est pas elle qui fait la loi. »

Daphnée écarquille les yeux. Ce sont des folles, et elle est entre leurs mains…

Et brusquement elle est prise d’un sursaut. La cravache a fendu l’air, sifflant, et est venue claquer sa fesse droite. Elle étouffe un cri. Un second coup vient aussitôt, cette fois sur la gauche. Elle se cabre en feulant. Puis un troisième, plus douloureux…

Sa jeune tortionnaire s’applique, les lèvres serrées ; elle la fouette méticuleusement, espaçant les coups de façon aléatoire, tantôt la laissant reprendre sa respiration, tantôt la frappant plusieurs fois de suite, sans répit

A chaque morsure de la cravache, un râle rauque remplit le cachot ; Daphnée rejette la tête en arrière, les cheveux en désordre, son corps se tordant et se contorsionnant de douleur.

La Chinoise, qui se tient assise à califourchon sur la chaise sur son côté droit, les bras croisés reposant pas les coudes sur le dossier, observe la leçon de discipline, le regard trouble, un méchant rictus déformant son visage.

Elle a bien reçue trente coups cinglants, quand Bai Li fait signe à l’autre d’arrêter .La fille suspend son geste à contrecœur.

La Chinoise se lève et passe derrière Daphnée ; ses lèvres esquissent une moue de plaisir et elle se caresse le menton, hochant la tête au spectacle des fesses suppliciées, que la cravache a zébrées joliment.

« voilà tes jolies petites fesses châtiées comme il faut. »

Elle se replace devant la prisonnière ; celle-ci a baissé les paupières ; son visage est marqué par la douleur ; des larmes perlent sur ses pommettes ; son corps tendu, luit de sueur.

« Ouvre les yeux et regarde- moi… tu entends ou es-tu sourde ! Ouvre les yeux, et regarde- moi sinon elle te fouette à nouveau. »

Daphnée entrouvre ses paupières sur ses yeux mouillés, implorants.

« Cela brûle, n’est-ce pas ? Ce n’est qu’un avant-goût de ce qui t’attend, si tu n’obéis pas. »

Elle glisse ensuite sa main droit entre les cuisse de Daphnée et s’exclame :

« Mais ma parole, tu as mouillé, le fouet t’excite donc ! »

Puis s’adressant à l’autre :

« Défais lui ses chaînes. »

Les bras libérés, Daphnée s’affaisse sur le sol, recroquevillée sur elle-même, aux pieds de Bai. Celle-ci empoigne une touffe de ses cheveux, l’obligeant à se redresser.

« A genoux devant ta maîtresse ! Et les mains sur la tête ! »

Docile, Daphnée obéit, les yeux mi-clos, encadrée de près par les deux femmes. La Chinoise la dominant de face, victorieuse, goguenarde ; l’autre derrière elle, bras croisés et jambes écartées, prête, aspirant même, à la fouetter à nouveau.

***

“Notre avion va commencer sa descente, veuillez regagner vos places et attacher vos ceintures…”

Daphnée sursaute sur son fauteuil. C’est le steward qui vient d’annoncer l’atterrissage prochain de l’avion. Elle ouvre les yeux ; en nage ; tout entière encore à son rêve. Un visage est penché sur elle ; des yeux durs la scrutent. C’est la chef de cabine asiatique. Elle se redresse sur son fauteuil et bredouille : « Je, euh, je me suis assoupie. » « Je vois ça, vous sembliez faire un très beau rêve mais vous avez très chaud… »

Daphnée rougit, ce qui n’échappe pas à l’autre.

« Un beau rêve ? Un rêve étrange et pénétrant, en vérité … »

« Hum, vous aiguisez ma curiosité ! Mais avez-vous réfléchi à notre conversation de tout à l’heure ; nous pouvons vous accueillir avec Marcia dans ma cabane qui se trouve à une heure de la capitale, dans un endroit divin, éloigné de tout. Vous reprendriez l’avion pour la France dimanche ? Cela vaut vraiment le coup et cela me ferait tellement plaisir. Nous serions toutes les trois seules… »

Marcia, qui se tient derrière la Chinoise, affecte une moue mauvaise en entendant l’invitation et lance à Daphnée un regard méchant. Après un moment de silence, Daphnée, qui, encore à son rêve, n’a pas tout à fait repris ses esprits et une contenance, se souvient confusément des regards échangés avec la Chinoise à son entrée dans l’avion, de la façon dont elle a été soudain hypnotisée par cette femme, puis, de façon plus nette soudain, de leur conversation au début du vol et surtout de son invitation sans détour, réplique :

« Ce serait avec plaisir, mais il faut juste que je passe un coup de fil en France au bureau pour voir si je peux décaler mon retour de deux jours. »

Puis tendant un verre d’eau vide à la jeune hôtesse hispanique :

« J’ai très soif, allez me chercher un verre d’eau ! »

« Qu’est-ce que tu attends ? Tu es sourde ? » lui lance la Chinoise.

Marcia foudroie du regard la jeune Française et s’exécute…

La Chinoise la regarde aller, amusée, et glisse à Daphnée :

« La petite est furieuse et médite déjà sa vengeance ! »

« Tout compte fait, il est inutile que j’appelle, c’est ok, je suis à vous pour ces deux jours »… réplique Daphnée en lui offrant son plus beau sourire.




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Commentaires

Logo de henic
lundi 25 juin 2012 à 13h32 - par  henic

Voilà une histoire qui commence très bien, avec un bon suspens, et suffisamment de non-dits (dont on espère qu’ils le seront) pour faire fantasmer en attendant leur explicitation.