Framm - 10

Le gisant
lundi 3 septembre 2012
par  Arkann
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Veston, cravate, souliers cirés. Je portais l’épée au dos, fixée à un harnais fait pour un veston, et mon arme à feu était dans un holster, hors de vue.

Pour sa part, Mylène était très élégamment vêtue d’une robe noire et de talons hauts. Des boucles d’oreille en argent et une épinglette a la poitrine. Une sacoche de cuir très mode contenait le pistolet de fort calibre sans lequel elle se sentait nue. La seule chose qui détonnait -et pas tant que ça puisqu’il avait été choisi pour aller avec la robe- était le gros couteau de combat suspendu à une ganse de sa robe.

J’étais de très mauvaise humeur : Mylène m’avait manoeuvré de main de maître, avait proposé un pari irrésistible que j’étais certain de gagner. .. Ce qui ne c’était naturellement pas produit. Perversement, son humeur était très bonne.

C’est ainsi que j’étais en route pour une soirée mondaine au QG continental de l’ordre des Paladins. La place allait déborder de tout ce que je détestais : des Paladins, des prêtres, des Inquisiteurs, et plus encore. J’avais mené une guérilla, accumulant les délais, mais Mylène avait prévu le coup.

En avant de nous, un attroupement : deux idiots de la brigade de contrôle des animaux s’étaient aventurés dans notre secteur et avaient capturé deux chiens : je connaissais bien ces cabots qui pissaient et chiaient partout, jappaient la nuit. De pures nuisances, 100% purs bâtards. Mais ils étaient nos clébards, faisant partie du paysage. Et s’il devait leur arriver quelque chose, ce serait par notre main, pas par celles de minables inconscients.

C’était ce qu’Alem, barre de fer en main, leur expliquait poliment, ajoutant avec un sourire mauvais que les genoux étaient des os si fragiles.. Alem, le genre de gars qui prenait plaisir à donner des coups de pied à ces animaux. Mais, cette fois, il était du bon bord, avait l’appui inconditionnel de la foule entourant les deux hommes. Tout aurait pu se régler très vite, mais. .

Soudainement, des cris, des coups de sifflet urgents, les bruits faits par l’équipement d’hommes armés.

Dès le premier coup de sifflet, moi, Alem et la moitié des autres avions fait mine de déguerpir, ayant reconnu le signal que la bande du coin avait pour un raid de police. Malheureusement, les bruits fusaient des deux extrémités du corridor ; pris en souricière. Alem laissa tomber son arme, fit comme si de rien n’était et s’éloigna. Tout le monde faisait de même, certains chanceux disparaissant dans des appartements. Pour le reste. .

Des cris de désarroi a la vue des policiers apparaissant simultanément aux deux extrémités : l’antiémeute, approchant au pas cadencé, frappant matraques sur boucliers. . je pouvais voir des sourires sous les visières : ils étaient la pour s’amuser, la brigade de contrôle des animaux rien d’autre qu’un appât, un piège, une justification. Ils allaient se défouler en sachant que personne ne leur ferait de reproches, pas pour des habitants d’un niveau si profond.

Bien habillé, armé.. je pouvais m’en tirer sans prendre de coup. Mieux encore, je pouvais me faire embarquer pour la nuit !

Malheureusement, Mylène avait d’autres plans ; elle avait profité de ma distraction pour marcher vers la police et les attendait au beau milieu du corridor, ce qui n’était pas un comportement normal. Je la rejoignis en maugréant. Elle tenait l’une de ses vraies fausses cartes d’identité, qu’elle offrit à l’officier qui eût l’intelligence de la regarder plutôt que de suivre son instinct et tabasser Mylène.

Je le vis blêmir, puis il fit signe à ses hommes d’arrêter, glissa la carte dans un lecteur, qui confirma. Mylène avait une expression neutre qui donnait froid dans le dos. C’était indéfinissable, menaçant, et l’officier, contre qui c’était dirigé le sentait encore plus que moi. Mylène jeta un coup d’oeil sur le badge d’identité du policier, puis, « Lieutenant Dutil, vous allez libérer les animaux et accompagner les gens de la brigade de contrôle des animaux dans une zone sécuritaire. Vous allez ensuite quitter le secteur. Je ne veux pas de casse, pas de brasse-camarade. Suis-je claire ? »

« Oui, madame. » Dit très poliment. Il était clair qu’il ne voulait pas de problèmes. Mylène lui donna un beau sourire et m’entraîna avec elle. Je pris sa carte avant qu’elle ne puisse la ranger.

Elle était particulièrement belle sur sa photo, mais d’une manière dure et froide. Elle me faisait penser à une soeur d’armes, condamnée aux bataillons pénitentiaires pour terrorisme. Pire encore, l’insigne en hologramme qui indiquait qu’elle travaillait pour le Congregatio pro Doctrina Fidei, la très sacrée Inquisition. Son titre : Malleus Haereticorum.

Je lui montrai, « Ça veut dire quoi ? Ça sonne méchant. »

« Ce n’est rien. Un titre que je me suis inventé. Il est bien, non ? » elle me répondit, nonchalamment, tout sourire.

« Dans la catégorie ’Je castre les cons qui me font chier’, c’est vrai que c’est pas mal. »

« C’est l’idée. Tu ne le croirais peut-être pas, mais il y a des gens assez cons pour ennuyer un Paladin. C’est gentil, un Paladin, c’est bien connu. » Il y avait comme un brin de frustration dans sa voix, « Mais personne n’est assez débile pour jouer avec la patience de quelqu’un oeuvrant pour l’Inquisition, même une simple porteuse de café. »

« Ils doivent être heureux, tes copains Inquisiteurs de savoir que tu les impersonifies.. »

Elle me regarda droit dans les yeux et, en toute sincérité, « je fais partie de l’Inquisition, comme tout Paladin. Peu de gens le savent. Et avant que tu me le demandes, oui, j’ai soumis des hérétiques a la Question. Et oui, j’ai commis le Damnatio, ai rendu aux démons ces âmes qu’ils ont acheté. Ces hérétiques ont, ou auraient, condamné l’âme de milliers d’innocents à une souffrance éternelle. Tu sais, mieux que tout autre, les conséquences de leurs actions. La justice de Milikki est parfois cruelle, mais rien n’est plus juste et justifié que le Damnatio. Cela te cause-t’il un problème ? »

Sa voix était hargneuse, son langage corporel plein de défiance. Est-ce que ça me dérangeait que ma douce et tendre Mylène faisait parfois subir les pires supplices imaginables a des hérétiques méritants mille fois pire ? Des gens -si l’on pouvait utiliser le mot- qui suppliciaient allègrement des enfants pour ouvrir un portail a leurs maîtres immondes. Nul ne pouvait douter de la rectitude du châtiment ultime. Et je n’avais aucun doute sur la culpabilité des hérétiques que Mylène suppliciait. Mylène ne m’avait jamais caché qu’elle collaborait souvent avec l’Inquisition. J’avais omis de songer à ce que cela voulait dire.

Tenir son regard ne fut pas bien difficile. « Oui, ça me pose problème, mais tant que tu tiens tes couteaux loin de certaines parties de mon anatomie, ça devrait aller. » C’était dit un peu sèchement, mais je me rappelais très clairement de la sensation désagréable de la pointe de son couteau à travers de mes pantalons. La castration faisait assurément partie du rituel du Damnatio.

Elle savait exactement à quoi je pensais. « Tu m’insultes un peu : ça faisait partie du rôle que _tu_ avais mijoté pour moi. Et puis tu n’as jamais été en danger, et tu le sais. Tu ne le seras jamais, et ça aussi tu sais. »

« Je me le demande.. »

Elle m’asséna un rude coup sur l’épaule, ce qui était douloureux. Cela marquait aussi la fin de cette discussion et un retour à la normale.

Le reste du trajet se déroula sans encombre, mis à part un incident impliquant la sacoche de Mylène à l’aéroport :. Apparemment, Mylène avait eu besoin de CamTek, un puissant explosif, lors d’une mission récente, et les appareils de sécurité avaient détecté des traces, avec les conséquences prévisibles. Étonnant, ce que pouvait contenir une sacoche de femme. Les gardes, n’écoutant pas la dangereuse terroriste, avaient vidé la sacoche : les armes et accessoires étaient sans surprise. Le vibrateur m’avait fait tordre de rire, même menotté comme je l’étais. Les gardes eurent leur moment de panique en découvrant les cartes de Mylène, toutes valides, toutes plus impossibles les unes que les autres. Quand a moi, mon moment de panique vint lorsque Mylène commença a gueuler, que la bouteille d’aérosol qu’un garde venait de prendre n’était pas de l’inoffensif poivre de cayenne, mais du gaz TX, un gaz innervant, capable d’incapaciter en moins de deux secondes, la mort suivant quelques minutes plus tard, la victime se noyant dans ses sécrétions si une forte dose d’atropine n’était pas rapidement administrée.

Heureusement, l’ordre de Mylène suivait certains types de comportements anormaux, et la vérification successive des identités de Mylène déclencha une alarme au central. Quelques minutes plus tard, tout était réglé. L’embarras était grand, et Mylène était incapable de partir sans en savoir plus, ce qui faisait mon affaire.

Le problème était simple : les appareils de détection étaient neufs et la procédure utilisée par les Paladins pour éliminer les résidus d’explosifs n’était plus à la hauteur. Une découverte importante, qui donnait une valeur à notre mésaventure. Nul doute que Mylène allait s’assurer de la mise à jour de la procédure en cause.

Avec tout ça, nous avions accumulé du retard, et manqué notre vol. Une heure de gagnée. Et, plus tard, passer au travers de l’impressionnant dispositif de sécurité protégeant le QG continental des Paladins demanda encore plus de temps, même avec Mylène pour accélérer les choses.

La fête était plutôt bien commencée : nous marchions vers les lieux, encore à une certaine distance que nous croisions déjà les premières victimes : un trio de chevaliers d’assaut, l’un d’eux à genoux, vomissant avec énergie, ses camarades ivres l’encourageant en riant et gueulant. Au loin, de la musique et des bruits que j’aurais associé à une taverne bien remplie, et non a une fête de Paladin. Plus proche, hors de vue, une douzaine de personnes chantaient un refrain que je connaissais bien..

Il est des nôtres
Il a bu son verre comme les autres !
Il est un ivrogne
Il boit n’importe quoi pourvu que ça cogne !

Plus nous nous approchions de l’épicentre, plus les signes de décadence abondaient : des flaques d’urine la où des fêtards avaient pissé sur un mur, plusieurs corps la où d’autres étaient tombés au champ d’honneur, nombre d’autres battant en retraite en titubant, des bouteilles ça et la, et les sons de personnes baisant dans des racoins. Il y avait du personnel sobre pour assurer un minimum de sécurité, mais tant qu’il n’y avait pas de danger ils n’intervenaient pas.

« Tiens, Elsa. Dommage, j’aurais aimé te la présenter. » Elle me dit en regardant une femme gisant sur le sol. Elle m’en avait souvent parlé, mais, si un jour elle me la présentait, il allait être difficile d’oublier l’image de cette fière chevalière de Milikki gisant dans son vomi. Ah ! Si seulement j’avais mon portable ! Je me serais fait un malin plaisir à photographier ces excès ! Malheureusement, toutes les armes et autres accessoires devaient être laissées au dernier poste de sécurité. Même Mylène s’était pliée à cette exigence. Même un Paladin pouvait être stupide, une fois ivre, et avec le genre d’équipement qu’ils avaient..

« Franchement, je suis choqué. Scandalisé. »

« Tu t’attendais à quoi ? Des chants liturgiques ? Des prières ? Des débats enflammés pour savoir une fois pour toutes combien d’anges peuvent danser sur une tête d’épingle ? »

« Ça, et un peu de vin de messe. »

« Et c’est comme ça que vous fêtiez dans les bataillons pénitentiaires ? Avec du vin de messe ? »

« Si ça ne nous rendait pas aveugles, on le buvait. »

« Nous sommes peut-être des Paladins, mais nous sommes humains. Un vieux Paladin, c’est comme un douanier souriant : c’est rare ! Et notre mort est rarement rapide et sans douleur. Nous avons besoin d’une soupape, nous aussi. Une fois l’an. Ce n’est tout de même pas exagéré ! »

« J’admets. En tout cas, ça va être beaucoup plus plaisant que je ne le pensais ! » Des Paladins, Inquisiteurs, et membres du clergé trop saouls pour se méfier, comprendre ou se rappeler ? Je ne savais pas ce que j’allais faire, mais j’allais m’amuser. Je me sentais comme un loup dans la bergerie..

Malheureusement, Mylène me connaissait trop bien. « Calme tes ardeurs, nous n’y serons pas longtemps, et je vais te surveiller. »

« Tu ne m’as pas tout dit, donc. »

Le sourire narquois qu’elle me donna était la seule réponse dont j’avais besoin.

La demi-heure suivante passa très vite. L’ambiance à l’intérieur était survolté, un bon millier de personnes s’amusant au mieux de leur capacité. Ce n’était pas tout le monde qui buvait à l’excès, et une bonne partie des personnes à qui elle me présenta faisaient partie de ce groupe.

Il y avait son groupe de support, qui comptait une douzaine de chevaliers d’assaut, et une douzaine de spécialistes de tout genre. Il y avait l’Inquisiteur Toth avec qui elle travaillait souvent, un homme grassouillet et sympathique qui n’avait pas le physique de l’emploi. Plusieurs autres Paladins avec qui j’aurais pu fraterniser s’ils n’avaient pas été de fidèles servants de cette déesse que je détestais au plus haut point. Manifestement, tout le monde était au courant et faisait avec.

Et puis il y avait Messire Gavain, mon souffre-douleur favori, cible occasionnelle des missions que je confiais a Mylène. S’il en était affecté, il ne le montrait pas, jovial et chaleureux. S’il se doutait de quoi que ce soit, il n’en montrait rien. Mylène était certaine qu’il ne savait rien.. je n’en étais pas si convaincu, maintenant que je l’avais rencontré. Certainement, à sa place et avec les moyens à sa disposition, j’aurais su.

Et puis après, un tour guidé des lieux. Impressionnant.. mais je m’attendais à être impressionné. Le tour s’achevait par une visite de leur cathédrale. Pour cela, il nous fallait aller à l’extérieur. Le firmament étoilé était magnifique, mais cette infinité sans plafond me rendait mal à l’aise. La cathédrale était magnifique, mais Mylène faisait mine de me mener à l’intérieur.

« Je n’entre pas là-dedans. »

Elle haussa les épaules, fit quelques pas à l’intérieur, se tourna pour me faire face et me tendit la main. Je la savais capable d’attendre ainsi toute la nuit s’il le fallait. Ce qui me décida, c’était l’expression vulnérable sur son visage.

Il faisait nuit. Des torches fixées aux murs offraient une lumière vacillante et trop ténue pour le vaste espace. Les immenses vitraux étaient illuminés par des lumières extérieures, les révélant dans toute leur gloire. Beaucoup représentaient des scènes de combats désespérés.

Il y avait les sculptures, d’anges, de Paladins. Pendant du haut des murs, des fanions, drapeaux et étendards. Certains étaient modernes, mais beaucoup étaient vieux, certains datant d’une époque où un Paladin se déplaçait à cheval et l’arme la plus puissante était le trébuchet. Souvent déchirées, maculées de sang et de boue, ces vieilles reliques témoignaient des sacrifices, du sang versé au travers des âges.

Si seulement Milikki ne nous avait pas maudits, moi et mes semblables.. Ici, dans ce lieu sacré, je lui fis une prière sincère, la maudissant de tout mon coeur.

Aucune réaction, juste l’écho de nos pas.

Les ombres dansantes étaient étrangement rassurantes, le lieu empli d’une calme sérénité. Plus nous nous approchions de l’autel, plus le halo de Mylène devenait puissant, illuminant les lieux d’une chaude radiance. Elle devint si forte que je m’arrêtai, me rappelant cette autre fois où j’avais baigné dans une telle lumière, ce combat perdu annonçant ma mort, la mort de mes compagnons, et de celle de millions de civils.

Personne ne se rappelait clairement. Un assaut coordonné sur un gigantesque entrepôt dans les décombres du niveau -49. Je me rappelais clairement de l’horreur indicible lorsque j’avais compris à quel point notre situation était désespérée. Je me souvenais de beaucoup moins que les autres : comprenant que j’étais mort, j’avais, pour la deuxième fois de ma vie, viré berserk, attaquant violemment, sans me soucier de ma survie, dans un état de rage insensée. Tous s’accordaient pour dire que l’ange était venu de nulle part, massacrant tout ce qui se trouvait entre lui et le portail, ouvrant la voie, tournant le cours de la bataille. Des presque dix mille soldats, moins de mille avaient survécu.

Je me souvenais de peu, mais je me souvenais de cette lumière.

Mylène me demanda ce qui se passait et ria lorsque je lui expliquai. « Si j’étais un ange en mission, me faisant passer pour une humaine, je ne pense pas qu’il aurait pu m’arriver ce qui m’est arrivé. Je pourrais être en mission d’infiltration profonde et ignorer qui je suis vraiment jusqu’à ce que mon objectif soit atteint -il y a des cas documentés -, et il est possible que j’aie accepté les sévices afin de ne pas brûler ma couverture, mais il y a une explication bien plus simple : ce lieu est très saint et mon halo répond. Le tient aussi d’ailleurs : je n’ai jamais vu tes ombres aussi faibles. Ça te va bien.. »

Elle disait vrai ! Et je n’avais même pas de miroir pour voir l’effet que ça me faisait ! J’étais soulagé par son explication ; pendant un instant, j’avais crû.. Elle me prit par les mains et m’entraîna jusqu’à l’autel.

« Je me sens en sécurité, ici. Depuis que je suis petite. » Elle se colla contre moi, me mordilla une oreille. À voix basse, reculant de deux pas en détachant sa robe, ses yeux ne quittant jamais les miens, « ici, maintenant, sur l’autel.. »

Il ne semblait y avoir personne. Baiser sur l’autel d’une cathédrale de Milikki ? C’était assurément un crime sérieux. Irrésistible.

La robe de Mylène chuta de ses épaules, révélant qu’elle portait un beau soutien-gorge noir, mais pas de petite culotte.. Elle avait un air coupable. Je me débarrassai rapidement de mes vêtements, avant qu’elle ne change d’idée.

Elle était maintenant complètement nue et je la voyais hésiter ; pas question de la laisser reculer. La prendre par les hanches et la déposer sur le marbre froid fut l’affaire d’un instant.

« Hey ! » Elle protesta, ce qui ne l’empêcha pas de se coucher. Quelques secondes et j’étais sur elle, et l’instant d’après en elle, guidé par ses mains fébriles. Qu’elle était chaude ! Et mouillée ! Aucune illusion que ça allait prendre longtemps : j’y allais comme une bête en rut, et elle n’était pas mieux que moi.

« Qu’est ce qu’on fait si on se fait prendre ? » La manière avec laquelle elle me serra, le frémissement qui la parcourut, ces choses me confirmaient que l’idée l’excitait terriblement. Au point de vouloir se faire prendre ? Peut-être pas, pas maintenant, mais dans un avenir pas si lointain..

« Ne.. t’en fais pas. Je.. leur dirai que tu m’as.. violé et je m’en.. sortirai.. très bien. »

Je lui mordis une épaule, assez fort pour qu’elle pousse un cri. Et je faisais autant de bruit que je le pouvais. Et je savais déjà que j’allais me retirer d’elle au dernier moment pour lui éjaculer dessus et, surtout, sur l’autel. Le prêtre allait avoir toute une surprise ! J’imaginais la tête de Milikki lorsqu’elle recevrait mon petit sacrifice, mon offrande a sa gloire.

Perdu dans mes douces pensées malicieuses, je n’entendis pas l’ouverture d’une des lourdes portes extérieures. Mylène, elle, pour qui le fantasme tournait autour de l’idée de se faire prendre, était aux aguets exactement pour ce genre de bruit. Je vis son expression changer, la peur de se faire prendre se mélangeant avec une grande excitation. Elle nous plongea brusquement dans la pénombre en faisant disparaître son halo. Nous étions dans l’abside, tout au fond de la cathédrale. Si nous ne bougions pas, si la personne ne s’approchait pas trop..

Une porte intérieure qui s’ouvrait lentement, les vieilles pentures grinçant d’une manière qui aurait été sinistre en d’autres lieux. Sous moi, tête tournée vers la porte, se mordant un poing pour étouffer les doux gémissements qu’elle n’arrivait pas à contenir, Mylène commença à jouir de manière incontrôlée.

Au loin, une ombre furtive entra, puis s’arrêta pour écouter. Pour ma part, avec Mylène qui tressaillait et agrippait mon membre de manière vigoureuse.. Tout doucement, je recommençai a bouger, pariant qu’avec les torches, lampions et autres chandelles, une ombre dansante de plus ou de moins..

Mylène ne partageait pas mon opinion, les doigts de sa main libre s’enfonçant dans les muscles de mon épaule droite en un clair signal. Il n’aurait pas été sportif de faire par exprès pour être pris, mais continuer comme je le faisais était raisonnable. Et je ne voulais pas me faire prendre sans avoir terminé !

Mylène, en un effort pour me garder immobile, commença à travailler ma chair avec la sienne. Que de sensations ! Elle était forte. J’en avais eu pour mon argent avec les cours que je lui avais payés pour en faire une pseudo escorte de luxe. J’arrêtai de bouger, en échange.

La personne à l’autre bout de la cathédrale recommença à marcher, avançant lentement et sans bruit, lançant des regards nerveux dans toutes les directions. Il semblait que nous n’étions pas les seuls à venir ici avec un coeur coupable..

Elle passait par la droite. Une femme. Une gitane, si je pouvais en croire les vêtements : foulard sur la tête, blouse blanche, jupe rose et mauve. De ses oreilles pendaient de gros anneaux. Je ne pouvais l’affirmer, mais j’aurais parié qu’elle portait ses meilleurs vêtements, ses plus beaux bijoux. Elle s’arrêta pour prendre une torche et s’avança hors de notre vue. Peu après, le son d’une porte ouvrant et se fermant.

Mylène tourna la tête, sa bouche trouvant la mienne, pour un baiser féroce. Elle bougeait a nouveau, et moi aussi. Elle me connaissait trop : elle mit ses mains sur mes fesses pour m’empêcher de jouir partout sur l’autel.

« En moi, » elle me murmura. Elle me donnait des coups de pubis, ses mains me tirant à elle, et moi je l’écrasais de tout mon poids, de toutes mes forces, profondément en elle. Tant pis. J’allais regretter cette occasion manquée de bien profaner cet autel, mais j’avais déjà une petite victoire, et ce qu’offrait Mylène était trop bon.

Elle s’occupa bien de moi, mon point de non-retour rapidement atteint. C’était dur de ne pas faire trop de bruit. De longs moments à juste s’embrasser et se caresser, après. Mais pas trop longtemps.

« Ça t’intéresse de savoir ce que la gitane fait ici ? »

Oui, en théorie, non en pratique, pas avec elle sous moi. Mais si elle me le demandait, c’est qu’elle avait une idée. « Tu le sais ? »

« Oui, elle est avec Victor. »

« Victor ? »

« Tu vas voir. Bouge un peu. Tu es lourd.. »

C’est avec regret que je la libérai. Elle s’assura de ne pas ’couler’ sur le marbre et essuya les quelques traces d’une main et cacha nos vêtements derrière l’autel. Apparemment, un peu de nudisme était à l’ordre du jour.

Elle me mena à la porte prise par la gitane. Il y avait un escalier en colimaçon descendant dans la crypte. Qu’allions-nous faire là ?

« Fais attention. Les marches sont traîtres. » Avec ces mots, elle commença la descente, utilisant son halo pour source de lumière. Les marches étaient très étroites sur la gauche, mais le vrai danger provenait de l’usure : pendant bien plus de mille ans, les fidèles avaient utilisé cet escalier et creusé dans la pierre des encavures par le simple frottement de leurs pieds. Il aurait été facile de se tordre une cheville.

C’était dur à dire, mais il me sembla descendre environ trois étages, puis nous y étions. Ne voulant pas nous révéler, Mylène gardait basse la puissance de son auréole. Malgré la faible luminosité, il était facile de dire que la crypte était vaste, un ensemble de corridors et de pièces taillées dans le calcaire, sur plusieurs étages. Les espaces se trouvant sous la cathédrale elle-même comportaient d’importants ouvrages de maçonnerie : des piliers, des voûtes, des murs épais. Les corridors menant ailleurs étaient bien plus rudimentaires.

Échoant au travers des passages, des bruits presque indistincts. Presque. Ou bien quelqu’un c’était fait mal, ou ce même quelqu’un baisait comme une bête. C’est sans hésitation que Mylène me guida au travers de ce dédale souterrain.

Tout était sec, aucune mauvaise odeur, pas de rats ou d’autre vermine. Il y avait bien quelques toiles d’araignée, mais sans plus. Nous allions avoir les pieds sales, mais nous pouvions marcher sans craindre une pierre coupante ou un vieux clou rouillé.

Il était clair que tout n’avait pas été construit à la même époque, le style des travaux de maçonnerie changeant alors que nous avancions. Il en allait de même pour les tombes : les plus anciennes étaient de pierre ou même de bois, sans aucune décoration alors que d’autres étaient peinturées ou sculptées. Pratiquement toutes celles qui avaient moins que douze siècles avaient au moins une fresque murale racontant les actes et la mort du Paladin. Généralement, il y avait une sculpture couchée du Paladin -un gisant- tenant son arme sur la poitrine et, souvent, des scènes de la vie du Paladin étaient sculptées sur les côtés de la tombe.

Et puis nous y étions. Mylène éteignit son halo, la lumière provenant de la torche de la gitane plus que suffisante. Nous pouvions la voir de dos, nue. Elle était à genoux sur une tombe, les mains sur la poitrine du gisant en bronze. Elle avait mis une cigarette à la bouche du gisant. Elle haletait, son corps en sueur. Un peu plus jeune que moi, belle sans être une grande beauté.

Nous étions cachés derrière une statue d’ange guerrier.

« Arkel, je te présente Victor, mon premier amoureux. »

Elle avait un sourire en coin. Comme je ne répondais pas, « j’avais quatorze ans, très curieuse, et j’avais suivi une gitane, comme aujourd’hui. J’ai tout vu. Quand elle est partie.. À l’époque de la mort de Victor, il était coutume de faire un bronze du Paladin comme il avait été trouvé : tripes en l’air, tête arrachée, etc. Victor, lui, était pratiquement intact, mais le pauvre est mort avec une assez grosse érection. Une bonne bosse dans son pantalon. Les gitanes croient que ça les rend fertiles. Quand rien ne marche, quand elles sont désespérées, elles viennent. »

« Les mots me manquent. Et vous les laissez faire ? »

« Bien sûr que non.. officiellement. Il s’agit d’une pratique très ancienne, et mon ordre est très conservateur, alors elle est tolérée malgré les problèmes de sécurité et que l’Ordre désapprouve. Dis, tu veux me faire plaisir ? Regarde si c’est elle qui a un problème et si tu peux faire quelque chose. Je suis sûre que de ne pouvoir concevoir est sa tragédie à elle.. »

« Mylène, il faudrait que je la touche. Je pense qu’elle comprendrait mal mes intentions. » Avec mon halo noir et nu comme un ver, je savais exactement quelles seraient ses conclusions. « De toute manière je n’ai jamais fait ça. Je ne sais pas quoi faire. »

Sa réponse fut de me pousser hors de ma cachette et de me faire des signes impératifs. Bon je pouvais essayer.

M’approcher suffisamment n’était pas si difficile : elle me tournait le dos, était distraite et le sol était parfait. Il me fallait faire attention à mes ombres, mais elles étaient faibles en ce lieu. Faire le travail à distance était le vrai travail. Ça, et comprendre ce qui n’allait pas. Je trouvai, éventuellement. Elle se crispa dès que je commençai à lui arranger ça. Trop concentré, j’avais oublié combien le travail d’un guérisseur produisait une douce chaleur rassurante. J’étais certain, pendant quelques secondes, de m’être fait prendre, mais la femme ne se retourna pas, regardant son ventre en pleurant de joie, certaine que Victor faisait son oeuvre.

« Merci Milikki, merci, merci, merci.! »

Joie. Joie intense. Je me tapais tout le travail et c’est Milikki qui récoltait ?!? Typique.

Je me concentrai sur la tâche : ça semblait extrêmement important pour elle, et sa joie allait être un paiement plus que satisfaisant. N’empêche, c’était dur à cette distance, et je n’avais jamais fait ça. Et puis, après de longues minutes, c’était fini. Un dernier tour pour voir s’il n’y avait pas autre chose, et je me retirai.

J’étais de retour avec Mylène et mon expression satisfaite répondait à sa question.

« Ils ne l’ont pas facile, les Roms. Merci. Ça fait du bien d’être l’instrument de Milikki, non ? »

Je ne dignifiai pas sa question d’une réponse, mais l’enserrai dans mes bras : elle m’avait poussée à y aller et j’étais très heureux de l’avoir fait. Il ne faisait pas chaud et elle se blottit contre moi. De longues minutes très agréables à attendre. Éventuellement, avec une dernière caresse pour Victor, elle débarqua du gisant, révélant l’endroit du bronze qui n’avait pas la patine du temps, l’avant des pantalons lustré d’un beau fini doré. La femme se rhabilla et s’en alla, nous plongeant dans la noirceur. Mylène réactiva son auréole et se leva. Elle avait une expression étrange.

« Qu’est ce qu’il y a ? »

« Elle va avoir des enfants, maintenant. Je suis un peu jalouse. »

« Tu pourrais.. »

Elle secoua vivement sa tête, « je vais mourir. Ça ne serait pas juste pour l’enfant. »

« Tu vas mourir ? » Il y avait dans sa voix un indéfinissable quelque chose qui m’inquiétait.

« Ça ne vit pas vieux un Paladin, tu le sais. Viens, je veux te montrer autre chose. »

On pouvait faire mieux comme changement de sujet, mais je jouai le jeu, pour le moment.

Elle me mena dans une partie très très ancienne et laissa s’éteindre son halo. En avant, provenant d’un autre passage, une douce et chaleureuse lueur bleutée.

« Impressionnant. Vous avez une piscine de refroidissement pour combustible nucléaire. » J’avais vu un reportage sur les centrales nucléaires utilisées il y avait longtemps ; la lueur était très similaire.

Elle me donna un coup sur l’épaule. « Épais ! Allez, viens. »

Une chapelle, extrêmement ancienne, rectangulaire, sans aucune décoration architecturale. Elle n’en avait pas besoin, frappante : les murs et les piliers étaient faits de ciment et d’ossements humains.. des centaines, peut-être des milliers de squelettes utilisés. Mais ce qui retenait l’attention plus que tout, c’était la source de la douce radiance illuminant la salle : Sienna, ange de combat, tombée il y avait plus de vingt siècles. Tel un papillon épinglé dans sa boîte, elle était fixée au mur, les ailes d’une envergure de cinq mètres déployées. Son armure était cabossée et rayée, percée là où le coup fatal avait été porté. Dans ses mains, la poigne et la garde d’une épée. La lame, ses fragments, était placée dans un reliquaire de vitre, sur du velours rouge, aux pieds de l’ange.

Elle semblait dormir, aussi belle qu’elle l’était au dernier jour de sa vie.

Je ne me sentais pas bien. J’avais besoin de sortir, mais je ne pouvais pas.

Mylène parlait depuis un moment, mais rien n’avait percolé jusqu’à mon cerveau. Je me secouai, portai attention.

« ..et les ossements sont ceux des soldats morts avec elle. Nul ne connaît son nom et c’est pourquoi nous l’appelons Notre Dame des Ossements. »

« Sienna. C’est son nom. »

Un très long silence. C’était maintenant à son tour de spéculer.

« Okay. Tu sais ça comment ? »

« Ma mère avait un portrait d’elle. Sa première fille. Ce qui en fait ma soeur. Ou demi-soeur. Ça me fait tout bizarre de dire ça. »

Un autre silence qui durait, puis, « Arkel, je suis désolée. Je ne me doutais pas.. je ne sais pas quoi dire. »

« Alors ne dis rien. Ce n’est pas grave. Je ne savais rien d’autre d’elle que son nom. Ma mère a toujours refusé d’en parler. Comme de tout, d’ailleurs. » J’entendais l’amertume dans ma voix. Temps de changer de sujet. « Est-ce que tu sais ce qu’il est écrit sur cette plaque ? » La plaque de bronze portait des inscriptions en une langue que je ne connaissais pas, avec un alphabet comprenant un mélange de lettres connues et inconnues. Mylène hocha de la tête et me récita de mémoire.

Nos ossements attendent les vôtres
Aux armes, soldats de Milikki !

« Gah ! Plus Paladin que ça, tu meurs ! Partons. » Je savais que j’allais un jour revenir, mais, aujourd’hui..

« Ça va aller ? »

« Oui. »

« Tu veux en parler ? »

’Non.’

« D’accord. » Elle se mordillait les lèvres, hésitait.

« Vas-y. Crache le morceau. »

« Tu veux voir ma tombe ? »

« Tu as déjà une tombe ?! » je la regardais, éberlué.

« Depuis l’âge de mes dix ans. Tu sais, quand tu es Paladin ou Paladin-cadet, tu dois être prêt. Nous ne payons pas d’impôts, alors la mort est notre seule certitude. »

Je me frottai les yeux. Une longue journée, et elle n’était pas finie ! « Bon, puisque c’est le festival du gothique, et un coup rendu.. »

« Par ici.. »

Quelques minutes de plus, et nous y étions. Une salle qui avait été aménagée il y avait plus de vingt ans, spécifiquement pour Mylène et les vingt-trois autres cadets de son groupe d’âge. Des vingt-quatre tombes, seules quatre étaient inoccupées, leurs lourdes dalles de pierre reposant contre le mur. Les tombes occupées portaient toutes un gisant de bronze habillé, armé et équipé de vrais vêtements, des armes et équipements réels. Sur les flancs de chaque tombe étaient finement sculptées et peinturées des scènes de la vie et de la mort du Paladin. Mylène, l’air mélancolique, allait de tombe en tombe, caressant le visage des gisants. Des frères et des soeurs, à toute fin pratique.

Plusieurs des gisants représentaient des enfants et des adolescents, promus Paladin à titre posthume. Je savais combien l’entraînement d’un Paladin était rigoureux et empli de danger. La moitié des survivants perdaient la vie et, souvent, leur âme, lors de leur première année de service. Je voyais ici le résultat.

La statue d’un ange guerrier lourdement armé et à l’air féroce veillait au repos des défunts. Me voyant le regarder, Mylène me demanda, « tu penses qu’il va bien me garder ? »

Un long moment, puis, « C’est du marbre, Mylène. Rien de plus. »

« Je sais. Ce qu’il me plairait, c’est que tu viennes me rejoindre à ta mort. Nous serions ensemble.. »

Elle n’allait pas. Vraiment pas. « Tu présumes que je ne mourrai pas avant toi. De toute manière je ne suis pas Paladin. Ils ne me laisseraient pas entrer. »

« Tout s’arrange, quand tu sais où, et comment pousser. Viens, je vais te montrer ma tombe. . »

Sa tombe était toute nue, sans bas-reliefs, sans inscriptions. Prête à recevoir un cercueil.

« J’y serai confortable, tu penses ? »

Je la tirai contre moi, l’encerclant de mes bras. « Mon lit est bien plus confortable que n’importe quel cercueil que tu pourrais trouver. Si tu veux être avec moi, tu sais quoi faire. »

Je laissai passer un moment, puis, « c’est un SOS. Merci de me donner une chance de faire quelque chose. »

J’avais vu juste ; ses doigts se crispèrent, s’enfonçant dans la chair de mes hanches. Elle posa son menton sur mon épaule afin de ne pas croiser mon regard.

« Je ne te l’ai pas dit, mais je suis tombée dans un piège la semaine dernière. Des agents de Dranth. Mes hommes m’ont secourue, mais ça a été très juste. Quelques minutes et j’aurais été morte, mon âme en possession de Dranth. Il était furieux et m’a montré ce qu’il ferait de mon âme la prochaine fois : me noyer dans les égouts, encore et encore, m’engrosser d’une abomination, me faire bouffer mes propres tripes, et j’en passe, des biens pires. Tu ne sais pas à quel point je suis horrifiée et dégoûtée.. par moi-même. Pendant deux jours je me suis masturbée au gré de ses visions. J’aurais pu chercher de l’aide, venir à toi, mais je ne l’ai pas fait. »

« Tu viens de le faire. »

« Tard. Très tard. Peut-être trop tard. »

Je lui caressai les cheveux. « Trop tard ? Non. Tu es forte et je suis pas mal plus sophistiqué que cette ordure : des égouts ? Des tripes ? Brutal, mais sans imagination. Mais je vais devoir combattre le feu par le feu : je vais t’humilier comme je ne l’ai jamais fait. »

Un long silence, puis elle me regarda droit dans les yeux, « Comment ? »

« Pense aux visions qui t’ont le plus excitées. Vas-y franchement. Après je te dirai comment. Et tu me diras qui gagne, qui a les meilleures idées. »

Elle hésita longtemps. Il lui fallait baisser ses défenses, embrasser l’intolérable. Mais elle le fit. J’avais des sentiments partagés, honoré par sa confiance, et troublé par ce que j’allais lui faire. Et par la manière que j’allais aimer le faire.

Mylène se frottait contre moi et elle ne s’en rendait même pas compte. « Je suis prête. Fais ça vite. Ce que j’ai en tête est particulièrement désagréable, » elle me dit d’une voix brûlant de désir.

« Dans cinq générations, on se rappellera de toi pour tes actes émérites, mais aussi, et surtout pour tes comportements de chatte en chaleur. Je n’ai pas encore décidé si ton bronze sera un gisant avec les jambes bien écartées ou un priant au cul offert à tous, mais une chose est sûre : tu n’auras pas de petite culotte sous tes pantalons, pas de soutien-gorge sous ton kimono. Descends les pantalons et tu verras la vulve, le trou de cul, dans tous les détails, au poil près. Même chose pour les seins. Je t’aurai utilisée avant que l’artiste passe pour prendre son modèle. Bien dégoulinante.. »

« Est-ce que j’ai gagné ? Dis-moi oui si tu veux que je continue. »

Elle n’arrivait pas à parler, les yeux fiévreux, ses mains entre ses jambes. Elle hochait frénétiquement de la tête.

« À genoux, alors. Tu sais quoi faire. Et tu mets tes mains sur moi, tu ne te touches pas, ou bien j’arrête . »

Elle protestait, mais se mit à l’oeuvre lorsqu’il devint évident que j’allais être intraitable.

Lentement, pour faire durer le plaisir, « je ne sais pas si tu auras des trous ou s’ils devront se contenter de se frotter. Pour ce qui est des bas-reliefs, des scènes de ta vie que _je_ choisirai. Du côté le plus visible, des scènes érotiques, mais de bon goût alors que de l’autre.. du cru, du vulgaire. Genre toi qui tient tes fesses bien écartées pour ouvrir ton trou de cul. Un gros plan, grandeur réelle. J’ignore si c’est possible, mais ça serait bien qu’il soit utilisable. Aouch !! »

Elle venait de me mordre, trop excitée. Pas fort, heureusement. Plus de peur que de mal. Elle me mordilla de manière menaçante pour me faire continuer.

« Ne parlons pas des fresques murales pour le moment. Il y aura un reliquaire avec la revue érotique pour laquelle tu as posé. Un album photo, le vibrateur que tu avais à l’aéroport, car il faut bien penser à tes admiratrices. Victor a été ton premier amoureux ? Imagine le nombre de cadets qui diront la même chose de toi. »

Et maintenant, pour le coup de grâce, « nous allons faire ça de ton vivant. Comme ça tu pourras faire une voyeuse de toi, venir ici la nuit pour voir si quelqu’un y est. Je parie que Gavain sera de la partie. Et si tu te fais suivre par des hommes avec une grosse bosse dans leurs pantalons, tu sauras pourquoi. Sois prête : demain nous irons voir ton commandant, et tu lui expliqueras. »

Elle tomba à la renverse, jouissant puissamment, se masturbant avec frénésie, secouant la tête. « Non, pas le commandant, » elle cria d’une voix étranglée.

Un sourire. Ça allait être amusant.

Ma douce chevalière m’avait abandonné à mon triste sort. Pas grave. Je pris les choses en mains, m’alignant bien sur la cible à mes pieds. Elle ne le savait pas encore, mais elle n’allait pas avoir droit à la douche, une juste punition pour son infâme désertion. .

NDLA : Je m’inspire parfois de détails réels lorsque j’écris. Le gisant de Victor Noir au cimetière du Père Lachaise à Paris est un bon exemple. Ce cimetière et celui de la Recoletta à Buenos Aires sont fascinants et regorgent de petites histoires croustillantes. Pour ce qui est de la chapelle aux ossements, elle existe à Evora, au Portugal et je la compte comme responsable partielle de mes goûts parfois gothiques : je devais avoir six ans lorsque je l’ai visité. Elle m’a fait grande impression.

PRECEDENT ............................................. A SUIVRE ???


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