Alice et Soldanelle

Chapitre 1 à 5
mardi 1er décembre 2020
par  lahoule
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Chapitre I

—  Alors inspecteur Lefranc, l’affaire de l’étranglée ?
—  Je m’y casse les dents ! J’ai beau retourner le problème dans tous les sens, il y a toujours quelque chose qui reste pour moi incompréhensible.
—  C’est-à-dire ?
—  On a dû relâcher la garde à vue d’Elisabeth Wiler, faute de trouver des preuves suffisantes pour l’accuser.
—  Rappelez-moi, cette Elisabeth, c’est cette prostituée de luxe que l’on a pincée dans l’allée où l’on a retrouvé le cadavre de Carmen, morte par strangulation ?
—  C’est cela même ! Prostituée de luxe, mais également Maîtresse dans l’univers sado masochiste, fichée dans nos services. Comme elle professait juste à l’étage en dessous, on a sauté peut-être un peu trop vite sur une suspecte évidente. Elle nous a avoué qu’elles se connaissaient et même assez bien.
—  Son alibi ?
—  Occupée à ses affaires avec plusieurs témoins.
—  C’est vérifié ?
—  Affirmatif !
—  Et la strangulation, vous avez pu élucider le processus ?
—  Cette strangulation ne semble pas relever d’un suicide, puisque la femme était attachée aux quatre membres du corps et au cou. Ses gestes désespérés pour se libérer ont sans doute précipité sa mort.
—  Attendez ! On ne meurt pas comme cela !
—  Je le croyais aussi, mais il faut se rendre à l’évidence. La corde qui l’attachait était si habilement nouée, qu’elle glissait le long de son torse, entre les seins, passait dans son sexe et remontait dans son dos pour se séparer en quatre parties vers ses chevilles et ses poignets. Si bien qu’en tirant sur les jambes ou sur les bras, ou encore la taille, la corde cisaillait le sexe et le nœud coulant autour de son cou se resserrait, sans se défaire ensuite.
—  Donc ce serait un suicide !
—  Si l’on veut… Seulement…
—  Seulement ?
—  Elle ne pouvait pas s’être attachée toute seule. Impossible ! J’ai vu sur le net dans mes recherches sur ce que l’on appelle le bondage, des pratiques d’autoligotage qui envoient celui ou celle qui le pratique au septième ciel.
—  Vous m’en direz tant…
—  Seulement notre femme ne peut avoir réalisé cet enchevêtrement de cordes, toute seule, avec les mains et les chevilles attachées aux montants du lit à baldaquin.
—  Alors c’est la prostituée. Vous m’avez dit qu’elle était maîtresse ou quelque chose comme ça. Vous avez vérifié son alibi ?
—  En béton. Elle sortait d’une séance pour se rendre à un club, la Souricière. Tout est vérifié.
—  Comment êtes-vous certaine que ce n’est pas un suicide ?
—  Et bien…
—  Et bien ?
—  J’ai pris une photo et j’ai essayé chez moi !
—  Ouah ! Et alors ?
—  De toutes les manières dont je m’y suis prise, il y a toujours un moment où il me devenait impossible de faire le dernier mouvement pour achever l’encordage, si bien que j’en ai conclu qu’il avait fallu une aide extérieure.
—  Vous avez trouvé des traces, des cheveux, des indices, bref, quelque chose qui permette de savoir qu’elle n’était pas seule ? Vous avez fait analyser les cordes ?
—  Oui, on a retrouvé une foule d’indices, des cheveux, des poils, des bas nylon, des traces d’ADN, qui nous permettent de supposer qu’elle n’était pas seule. On n’a rien retrouvé d’Elisabeth, ce qui la disculpe.
—  Bon, quoi d’autre ?
—  Il y a un hic !
—  Lequel ?
—  La porte était verrouillée de l’intérieur. Donc, elle devait avoir agi seule. Et puis, on ne peut pas déterminer si ce que l’on a trouvé était déjà là avant la mort ou pas. L’appartement était clean. La femme de ménage devait avoir passé depuis un ou deux jours, au plus.
—  Bizarre, en effet ! Et la fenêtre ?
—  Fermée, store baissé et au sixième étage !
—  Donc elle a pu mourir d’elle-même, mais pas s’attacher d’elle-même.
—  C’est ce que j’en ai conclu tout de suite, mais… !
—  L’autopsie ?
—  En cours de traitement. On devrait recevoir les résultats sous peu.
—  Comment allez-vous poursuivre les recherches ?
—  J’ai contacté, dans le milieu bdsm, un maître du bondage !
—  Ah, bon ! Et c’est quoi ça ?
—  Un artiste dont l’art consiste à nouer des cordes autour du corps dans le but d’immobiliser la victime dans des positions plus ou moins confortables. Il n’y a pas forcément de caractère sexuel à cette pratique, bien que ce soit souvent le cas. Le bondage est une pratique originaire du Japon qui consistait primitivement à encorder des condamnés pour les punir, les exposer aux yeux de la population et parfois les envoyer de l’autre côté du décor. Dixit Wikipedia !
—  Vous en avez trouvé un ?
—  Oui, grâce à Internet. J’ai rendez-vous avec un certain Moser cet après-midi.
—  Vous êtes sûre de votre coup ?
—  Je ne sais pas ! Ce qui est certain, c’est qu’il a accepté de me recevoir pour répondre à toutes mes questions.
—  OK, vous avez carte blanche, mais portez un bip et assurez-vous que cet homme n’est pas un désaxé.
—  Entendu, patron !
Alice quitta le bureau du commissaire principal et se rendit dans le sien, non sans s’arrêter pour la troisième fois à la machine à café. Sa collègue Soldanelle y était déjà. C’était une femme incroyablement sexy, toujours perchée sur des talons assortis à ses tailleurs. Elle avait remonté ses cheveux roux en un chignon artistiquement noué. Elle formait une image plus proche du glamour que de l’inspecteur de police. Elle était néanmoins ceinture noire dans plusieurs sports de combat. Elle accueillit Alice d’un grand sourire.
—  Salut chère collègue ! Comment va ce matin ?
—  Ça va, ça va, sans plus ! Je tente de dénouer des fils bien tordus et j’y perds mon latin. Et toi, tu vas à une fête ainsi apprêtée ?
—  Si on veut, j’ai rendez-vous avec un ami à 19 heures et je n’aurai pas le temps de rentrer chez moi !
—  Oh ! Je vois…
—  Tu ne vois rien du tout ! Cet ami est un banquier qui va financer l’achat de mon appartement.
J’ai intérêt à présenter…
—  Pour tenter de l’amadouer, je vois. Et bien je puis dire qu’il ne va pas résister, surtout avec tes bas à couture !
—  Tu les as remarqués, je vois. Tu aimes ?
—  Oui. Cela fait très années 50, mais c’est magnifique. Mais je ne me vois pas enquêter ainsi !
—  Tu sais cet après-midi, je n’avais que du bureau, alors…
—  On se fait une petite bouffe, un de ces soirs ?
—  Ton amant te laisse si libre ?
—  Je n’en ai plus depuis un mois !
—  Oh ! Bienvenue au club ! Que s’est-il passé pour toi ?
—  Rien de particulier, il ne supportait plus mes horaires, les dangers du métier, et a préféré s’enticher de la postière au guichet.
—  Salaud…
—  Non, cela ne devait plus bien coller entre nous, parce que cela m’a fait ni chaud ni froid. Et toi ?
—  Moi, je vais et je viens comme dirait Gainsbourg !
—  Ouais, je vois ! T’es du style amour Kleenex !
—  Si on veut ! Tu sais avec notre boulot, on n’est pas toujours vue comme quelqu’un de respectable et à laquelle il faut s’attacher. Alors j’en ai pris mon parti et je suis heureuse comme cela !
—  Tu as sans doute raison !
—  Demain soir, si cela te convient ?
—  Va pour demain soir ! Au fait, j’aurais un service à te demander, pour l’enquête !
—  Pas de problème ! Tu sais comme j’aime collaborer avec toi ! Ce n’est pas comme avec Blaise !
—  Qu’est-ce qu’il a encore fait ?
—  Rien, justement. C’est un englué, sempiternellement en train de me draguer, pas capable de décision, toujours prêt à s’empêtrer dans des théories fumeuses. Et puis il dégage une odeur qui m’écœure !
—  Beurk !
—  Comme tu dis ! A quelle heure ?
—  20 heures, chez moi ! Ça va ? On s’fera un repas entre nanas !
—  Entendu !
Alice regagna son bureau avec son café, s’assit et contempla longuement les photos de la jeune femme strangulée étalées devant ses yeux. Elle prit une loupe pour détailler les moindres signes révélant quelconque indice. La jeune femme était d’une étrange beauté, maquillée, des anneaux dorés à la pointe des seins, un piercing bijou sur une aile du nez. Son sexe épilé portait un anneau muni d’un étrange bijou en spirale, comme un serpent lové sur lui-même. Hormis son cou, son corps ne montrait aucune marque de violence, mis à part d’anciennes traces, comme si elle avait été fouettée. Sur les reins, on retrouvait le même serpent, mais tatoué de multiples couleurs. Autour du cou, la corde avait laissé l’empreinte torsadée fatidique. LIRE LA SUITE



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